5 février 2025.
Commentaire RB 64, 11-15
11 Il déteste les penchants mauvais, mais il aime les frères.
12 Quand il corrige les autres, il est prudent. Il n’exagère rien, sinon, en grattant trop la rouille, il va trouer le plat.
13 Il n’oublie jamais qu’il est fragile, lui aussi. Il se rappelle qu’il ne faut pas écraser le roseau déjà fendu (Mt12, 20).
14 Mais nous ne voulons pas dire que l’abbé permette aux penchants mauvais de se développer. Non ! Il les détruira, mais avec prudence et amour, selon ce qu’il juge bon pour chaque frère, comme nous l’avons déjà dit.
15 L’abbé cherchera à être aimé par les frères plutôt qu’à être craint.
Ces quelques lignes pourraient être appelées : « Traité d’orfèvrerie spirituelle »
Car tout y est dit avec délicatesse et finesse, profondeur et force en même temps. À travers elles, St Benoît nous fait relire le mystère de nos vies humaines et la grandeur de l’Évangile. Mystère de nos vies humaines qui sont atteintes par le mal, comme le fer est atteint par la rouille. Il en découle une fragilité qui appelle une action efficace pour ne pas laisser la rouille ronger tout le fer, et en même temps attention délicate pour ne pas briser les êtres.
Car chacun est plus grand que ses vices ou ses errances. Tous les frères sont dignes d’un grand amour. « Qu’il haïsse les vices et qu’il aime les frères » Mystère de nos vices humains et grandeur de l’Évangile !
En effet l’abbé est invité à être au service de la Bonne Nouvelle apportée par la Christ en aidant les frères à se libérer de leur mal. Comme le Christ Serviteur, et en son Nom, il doit établir « fidèlement le droit » (Is 42,3) « En veillant à ne pas écraser le roseau cassé » (Mt 12, 20).
Notre vie monastique est ainsi la poursuite de l’œuvre de guérison et de libération instaurée par le Christ. Pour chacun, un chemin de salut est offert, une opportunité de guérir est donnée.
Dans cette œuvre de discernement pour aider chacun à se libérer du joug du mal et des vices, la Prudence et la Charité sont les deux instruments que l’abbé doit sans cesse garder à cœur en se souvenant aussi de sa propre fragilité. Ainsi à travers tous ses moyens humains et spirituels le Christ poursuit son œuvre pour redonner santé et force à chacun de nous.
Le grand orfèvre, c’est lui… et l’abbé un modeste instrument entre ses mains, ainsi que tous les frères qui savent allier écoute et parole de réconfort, parole de discernement et présence attentive auprès des autres. Que l’Esprit Saint nous vienne en aide par sa lumière !
Commentaire RB 4, 64-67