29 décembre 2024.
Commentaire RB 48, 14-21
14 Pendant le Carême, ils font leur lecture depuis le matin jusqu’à 9 heures. Puis ils font le travail qu’on leur a commandé jusqu’à 4 heures de l’après-midi.
15 Pendant ce temps du Carême, chaque frère reçoit un livre de la bibliothèque. Il le lira à la suite et en entier.
16 On distribue ces livres au début du Carême.
17 Avant tout, on nomme un ou deux anciens qui circulent dans le monastère au moment où les frères font leur lecture.
18 Ils les surveillent : il y en a un peut-être qui n’a de goût à rien. Il passe son temps à ne rien faire ou bavarde au lieu de s’appliquer à la lecture. Ce frère se fait du tort à lui- même et, de plus, il distrait les autres.
19 Quand on trouve un moine de ce genre – espérons que non ! -, on lui fait des reproches une fois, deux fois.
20 S’il ne se corrige pas, on le punit selon la Règle, pour que les autres en éprouvent de la crainte (1 Timothée 5, 20).
21 Un frère n’ira pas avec un autre frère quand ce n’est pas le moment.
La tentation que Benoît repère aux heures prévues pour la lectio est l’oisiveté ou le bavardage. La tentation est subtile car à la différence d’un travail manuel qui tend à un résultat concret en exerçant ses mains et sa force, la lecture se présente comme une activité gratuite, plus exigeante et plus difficile.
En parlant de « vaquer à la lecture », expression qui revient plusieurs fois, Benoit suggère que le moine fait le vide, se libère pour lire. S’adonner à la lecture suppose de consentir à s’arrêter et à se rendre disponible pour une activité apparemment non rentable et non productive.
Par rapport au travail manuel, la lecture se présente comme une sorte de loisir. Mais telle n’est pas la façon avec laquelle Benoît la considère. Il l’intègre dans l’horaire monastique comme un exercice dans lequel le moine doit s’appliquer, tendre de tout son esprit (intendere). La lecture se présente alors non comme un loisir, mais finalement comme une sorte de travail.
C’est l’inverse de l’oisiveté et du bavardage qui sont les expressions de l’acédie, de la lassitude de la vie monastique et des choses qui plaisent à Dieu.
Rester sans rien faire, bavarder sont aussi une forme de vide où l’on s’arrête. Mais ce sont les fruits de l’acédie, ils font du tort au moine en le maintenant dans un vide intérieur et une sorte de dégoût des choses spirituelles.
La lecture, au contraire, nous entraine à demeurer actifs et vivants dans notre vie à l’écoute de l’Esprit saint. Elle nous permet de nous engager résolument pour que Dieu, par sa Parole, agisse en nous.
Qu’elle soit sous les deux formes complémentaires de la lecture de la Bible ou de la lecture d’auteurs spirituels, la lecture est un travail de l’âme, du cœur pour rester éveillé aux choses de Dieu. Elle veut nous rendre responsable de notre santé intérieure. Comme pour les aliments, de sa quantité et de sa qualité va dépendre beaucoup notre santé spirituelle. Si nous la faisons à la «va-vite» ou en «dilettante», nous sommes comme ces personnes qui se contentent de grignoter à la va-vite leurs repas. Le risque sera alors de chercher ailleurs sa nourriture dans des lectures faciles, sur internet, ou ailleurs. La lecture spirituelle, la lectio divina demande un vrai engagement de notre part, car elle veut nourrir notre alliance et notre relation avec Dieu.
12 septembre