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29 août 2024.

Martyre de saint Jean-Baptiste (Jn 6, 60-69)

Permettez-moi de m’appuyer sur certains éléments d’une catéchèse du Pape Benoît XVI à propos de cette célébration du martyre de saint Jean-Baptiste.

Dans le calendrier romain, Jean-Baptiste est l’unique saint dont on célèbre et la naissance, le 24 juin, et la mort venue par le martyre le 29 août. La fête de ce jour est une mémoire qui remonte à la dédicace d’une crypte de Sébaste, en Samarie, où l’on vénère la tête du saint depuis la moitié du IVème siècle. Ce culte s’est ensuite étendu jusqu’à Jérusalem, dans les Églises d’orient et à Rome, sous le titre de « Décollation de saint Jean-Baptiste ».

Ces quelques repères historiques nous aident à comprendre à quel point la vénération de saint Jean-Baptiste est ancienne et profonde. Dans les Évangiles, son rôle par rapport à Jésus apparaît très nettement. Saint Luc, en particulier, raconte sa naissance, sa vie dans le désert, sa prédication, et saint Marc nous parle de sa mort dramatique dans l’Évangile d’aujourd’hui.

Jean-Baptiste initie sa prédication sous l’empereur Tibère, en 27-28 après Jésus-Christ, et l’invitation très claire qu’il adresse à la foule accourue pour l’écouter est de préparer le chemin pour accueillir le Seigneur, de rendre droits les sentiers tordus de sa propre vie à travers une conversion du cœur radicale (cf. Lc 3, 4). Pourtant le Baptiste ne se limite pas à prêcher la pénitence et la conversion mais, en reconnaissant que Jésus est « l’Agneau de Dieu » venu pour enlever le péché du monde (Jn 1, 29), il a la profonde humilité de montrer en Jésus le véritable Envoyé de Dieu, en se mettant de côté pour que le Christ puisse grandir, être écouté et suivi.

Dans un acte ultime, le Baptiste témoigne par son sang de sa fidélité aux commandements de Dieu, sans céder ni reculer, en accomplissant jusqu’au bout sa mission.

Dans ses homélies, saint Bède, moine du IXème siècle, dit ceci : Saint Jean-Baptiste a donné sa vie pour [le Christ], même si on ne lui a pas ordonné de renier Jésus Christ, on lui a ordonné de taire la vérité (cf. Homélies 23 : CCL 122, 354). Et il n’a pas tu la vérité et c’est ainsi qu’il est mort pour le Christ qui est la Vérité. C’est justement par amour de la vérité qu’il ne s’est pas abaissé en se compromettant et qu’il n’a pas eu peur d’adresser des paroles fortes à celui qui s’était éloigné des voies de Dieu.

Nous voyons cette grande figure, cette force passionnée, cette résistance contre les puissants. Et nous nous demandons : d’où vient cette vie, cette intériorité si forte, si droite, si cohérente, dépensée si totalement pour Dieu et pour préparer un chemin à Jésus ? La réponse est simple : de son rapport avec Dieu, de la prière, qui est le fil conducteur de toute son existence.

Chers frères et sœurs, célébrer le martyre de saint Jean-Baptiste nous qu’aujourd’hui l’on ne peut pas s’abaisser à des compromis avec l’amour du Christ, avec sa parole, avec la vérité.

La vérité est vérité, il n’y a pas de compromis possible. La vie chrétienne exige, pour ainsi dire, le « martyre » de la fidélité quotidienne à l’Évangile, c’est-à-dire le courage de laisser le Christ grandir en nous afin qu’il puisse orienter nos pensées et nos actions. Mais ceci ne peut se réaliser dans notre vie que si notre relation à Dieu est solide, relation personnelle et relation communautaire.

La prière n’est pas du temps perdu, elle ne vole pas de la place à nos activités, pas même à nos activités apostoliques ; c’est exactement le contraire : si nous sommes capables d’avoir une vie de prière fidèle, constante, confiante, alors Dieu lui-même nous donnera la capacité et la force de mener une vie heureuse et sereine, pour surmonter les difficultés et lui rendre courageusement témoignage. La prière nous permettra de ne pas nous identifier à notre mission mais de nous effacer pour que le Christ et Lui seul grandisse dans le cœur de ceux et celles qui nous sont confiés ; la prière nous permettra aussi d’inventer des chemins nouveaux pour la mission en cohérence avec l’esprit de nos fondateurs, la prière nous permettra de trouver les mots, les gestes, les attitudes qui pourront aider les personnes à s’ouvrir à la conversion ; la prière nous permettra de discerner comment nous insérer dans le tissu ecclésial sans pour autant perdre de vue notre spécificité et notre charisme initial.

Que saint Jean-Baptiste intercède pour nous, afin que nous sachions toujours préserver le primat de Dieu dans notre vie ! Amen