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28 septembre

28 septembre 2024.

Commentaire de RB 27,1

1 L’abbé prendra un très grand soin des frères qui ont fait des fautes. En effet, « ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades » (Matthieu 9,12).

Dans les chapitres précédents, nous avons vu que Benoît à plusieurs reprises demande à ce que les frères ne soient pas complices avec le frère qui a été mis à l’écart et qu’ils lui permettent de vivre l’expérience de la solitude qui pourra lui permettre de revenir à lui-même.

Dans les chapitres 27 et 28, il montre la nécessité de manifester une grande sollicitude envers les frères fautifs ou récalcitrants. Benoît donne à ces deux chapitres un profil pastoral qui lui est propre : on y découvre vraiment qui est le Christ pour Benoît et que deviennent les hommes qui ont été formés par cette christologie et par la Règle de saint Benoît.

Dans ces deux chapitres, Benoît présente l’abbé comme un thérapeute car le Christ agit sur l’homme comme agit un médecin vis-à-vis du malade. On retrouvera la même attitude et la même atmosphère spirituelle au chapitre 64 sur l’Abbé.

Dans le verset 1 du chapitre 27 que nous venons d’entendre, Benoît utilise les deux mots-clés qui caractérisent pour lui la responsabilité de l’abbé envers les frères qui lui sont confiés : « sollicitudo » (la douce sollicitude) c’est-à-dire la bonté et « cura » (le soin) c’est-à-dire l’attention. Dans ces deux chapitres, Benoît s’inspire de saint Cyprien qui écrivait à propos des évêques : « Les évêques peuvent-ils avoir un souci plus noble que de travailler avec une application attentive, en usant des remèdes salutaires, à soigner et à sauver leurs ouailles (= leurs diocésains) ».

RB 27,1 ressemble à RB 36,1 (chapitre sur les malades) : « Le soin des malades (cura infirmorum) doit tout primer ». Pour Benoît comme pour toute la tradition monastique le péché est considéré comme une maladie : on lutte contre le péché pour sauver le pécheur ; on ne juge pas le pécheur, on juge le péché. Cette perspective ne minimise pas la faute, mais suscite la nécessité d’un intense processus de guérison. Pachôme demande à ce que le frère pécheur soit conduit à l’infirmerie : « Conduisez-le à l’infirmerie. Il y sera soigné et ne travaillera pas, jusqu’à ce qu’il revienne à la vérité ».

C’est à cette vision du frère malade à laquelle Benoît s’attache.

Benoît fonde et appuie sa manière de voir sur l’Evangile : « le Seigneur n’a pas été envoyé aux bien portants, mais aux malades » : Jésus manifeste sa miséricorde aux pécheurs et se désigne lui-même comme le médecin.

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