27 septembre 2024.
Saint Vincent de Paul
La charité, une grande Dame !
Recommandations de saint Vincent de Paul aux Filles de la Charité
Nous ne devons pas considérer un pauvre paysan ou une pauvre femme selon leur extérieur, ni selon ce qui paraît de la portée de leur esprit. – Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres ; qu’il n’avait presque pas la figure d’un homme en sa Passion, et qu’il passait pour fou dans l’esprit des Gentils, et pour pierre de scandale dans celui des juifs. Et avec tout cela, il se qualifie d’évangéliste des pauvres : “Il m’a envoyé, dit-il, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres”.
Ô Dieu ! Qu’il fait beau voir les pauvres, si nous les considérons en Dieu et dans l’estime que Jésus-Christ en a faite ! Mais, si nous les regardons selon les sentiments de la chair et de l’esprit mondain, ils paraîtront méprisables. Dieu aime les pauvres, et par conséquent, il aime ceux qui aiment les pauvres. Car, lorsqu’on aime bien quelqu’un, on a de l’affection pour ses amis et pour ses serviteurs. Or, la petite Compagnie de la Mission tâche de s’appliquer avec affection à servir les pauvres, qui sont les bien-aimés de Dieu. Et nous avons ainsi sujet d’espérer que, pour l’amour d’eux, Dieu nous aimera.
Il ne faut pas de retardement en ce qui est du service des pauvres. Si, à l’heure de votre oraison, le matin, vous devez aller porter une médecine, oh ! Allez-y en repos ; offrez à Dieu votre action, unissez votre intention à l’oraison qui se fait à la maison ou ailleurs, et allez-vous-en sans inquiétude. Si, quand vous serez de retour, votre commodité vous permet de faire quelque peu d’oraison ou de lecture spirituelle, à la bonne heure ! Mais il ne vous faut point inquiéter, ni croire avoir manqué, quand vous la perdrez ; car on ne la perd pas quand on la quitte pour un sujet légitime. Et s’il y a sujet légitime, mes chères filles, c’est le service du prochain.
Ce n’est point quitter Dieu que quitter Dieu pour Dieu, c’est-à-dire quitter une œuvre de Dieu pour en faire une autre, ou de plus grande obligation, ou de plus grand mérite. Vous quittez l’oraison ou la lecture, ou vous perdez le silence pour assister un pauvre ? Oh ! Sachez, mes filles, que faire tout cela, c’est le servir. Car, voyez-vous, la charité est par-dessus toutes les règles, et il faut que toutes se rapportent à celles-là. La charité est une grande dame. Il faut faire ce qu’elle commande. Allons donc, et employons-nous avec un nouvel amour à servir les pauvres, et même cherchons les plus pauvres et les plus abandonnés. Reconnaissons devant Dieu que ce sont nos seigneurs et nos maîtres, et que nous sommes indignes de leur rendre nos petits services.
Commentaire RB 4, 46