27 août 2024.
Mémoire de Sainte Monique
Récit de la mort de sainte Monique rapporté par son fils,
saint Augustin.
Le jour même de notre dernier entretien avec notre mère, le monde nous apparut avec tous ses charmes, comme sans valeur.
Notre mère me dit : Mon fils, en ce qui me concerne, rien ne m’attache plus à cette vie. Pourquoi y suis-je encore ? Il était une seule chose pour laquelle je désirais rester encore, c’était de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu me l’a donné avec surabondance… Alors, pourquoi rester encore sur cette terre ?
Ce que je répondis à ces paroles, je ne m’en souviens pas bien ; mais quelques jours après, la fièvre l’a mise au lit, elle perdit connaissance et nous accourûmes ; elle reprit bientôt ses sens, et nous regardant mon frère et moi, debout près d’elle, elle nous dit comme en nous interrogeant : Où donc étais-je ? Et devant notre douleur muette, elle ajouta : Vous allez devoir laisser ici votre mère.
Je gardais le silence et je retenais mes larmes ; mon frère dit quelques mots et exprima le vœu qu’elle acheva sa vie dans sa patrie plutôt que sur une terre étrangère.
Elle l’entendit, et le visage ému, lui reprochant de son regard une telle pensée, elle jeta les yeux sur moi et dit : Laissez mon corps où il est ! Qu’un tel souci ne vous trouble nullement ! Ce que je vous demande seulement c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez… Rien n’est loin de Dieu ; n’ayez aucune crainte ! Dieu reconnaîtra l’endroit où il doit me ressusciter.
In Confessions, Livre IX, chap. 9