26 mars 2025.
4 Les frères donneront leur avis avec respect et humilité. Ils ne se permettront pas de défendre leurs idées à tout prix.
Après avoir parlé hier de la mission particulière de l’Abbé et de ce qu’il représente dans un monastère et de la nécessité pour lui de prendre seul la décision dernière après avoir entendu les frères, je voudrais ce matin parler de l’articulation des deux Conseils, celui des Anciens, c’est-à-dire des Doyens, et celui du chapitre conventuel.
Je le ferai à partir de la Règle, mais aussi à partir de nos Constitutions. Le Conseil des Anciens est traditionnel dans le monachisme, celui du chapitre conventuel et qui est instauré par Benoît. Les deux Conseils ont une double mission :
Dans certains cas, prévus par nos Constitutions, ils sont suivis d’un vote qui peut-être, dans certains cas, consultatif (c’est-à-dire qu’ils aident l’abbé à prendre sa décision tout en le laissant libre de décider comme il le juge bon),
Dans d’autres cas, le vote des frères est délibératif (c’est-à-dire que l’abbé accueille la décision du Conseil ou du Chapitre conventuel comme la décision du Seigneur). Les votes délibératifs concernent surtout l’élection d’un Abbé, l’accueil d’un nouveau frère, les chantiers importants pour la communauté ou le déplacement du monastère.
Benoît prévoit que, pour les choses importantes, l’Abbé convoque le chapitre conventuel et qu’il convoque le Conseil pour les choses moins importantes. Nos Constitutions prévoient ce qui relève du Conseil et ce qui relève du chapitre conventuel.
Sur un plan simplement sociologique, il n’est pas possible de tout débattre en chapitre conventuel sous peine d’immobiliser la communauté.
Il est un autre point important dans la Règle à savoir que tous les frères ne doivent pas porter continuellement tous les problèmes matériels de la communauté. Certains sont là pour régler plus directement ces questions.
Une communauté monastique où les seules discussions tourneraient autour des questions matérielles, où les rencontres communautaires ne parleraient que de travail et d’argent, ce serait au détriment de la formation, de la vie spirituelle et même de la fraternité. C’est peut-être la raison qui a conduit la tradition monastique à ne pas parler de chapitre conventuel et à préférer les nombreuses rencontres communautaires autour de la formation spirituelle, comme c’est le cas chez Cassien chez Basile ou chez Pachôme.
Benoît, lui, introduit le chapitre conventuel auquel il donne une place capitale, mais sans supprimer le Conseil qui est plus régulier et aborde tous les points qui concernent la vie quotidienne.
Il est donc normal selon la Règle qu’un frère apprenne au chapitre du soir telle ou telle décision qui a été prise au Conseil, cela fait partie de la vie monastique. Un frère qui ne comprend pas la décision n’a pas à le dire publiquement, mais il peut toujours venir en parler à l’Abbé ou à un membre du Conseil qui saura comment le dire à l’Abbé, c’est important qu’il le fasse. C’est même la Règle qui le demande au chapitre 68.
Cela fait partie du fonctionnement normal d’une communauté monastique, il est toujours possible au Conseil suivant d’améliorer la décision prise, de tenir compte des remarques de frères lorsque celles-ci peuvent aider la communauté.
15 mars