24 octobre 2024.
Commentaire RB 32 (introduction)
Au début du Livre V du Droit Canon sur Les biens temporels de l’Église, il y a un canon (c. 1257) qui affirme que tous les biens temporels de l’Église et de toutes les personnes morales au sein de l’Église – donc aussi les diocèses et les communautés religieuses – sont des « bien ecclésiastiques » (bona ecclesiastica). Ils appartiennent donc à l’Église, c’est-à-dire à l’ensemble du Peuple de Dieu. Ceux qui en ont la propriété juridique devant la société civile et qui en ont l’utilisation, en sont en réalité les administrateurs et non les propriétaires.
C’est dans le même sens que les Pères de l’Église disaient que les habits que nous avons dans notre garde-robe et dont nous n’avons pas un réel besoin ne nous appartiennent pas, mais appartiennent aux pauvres.
C’est l’esprit dans lequel il faut comprendre le chapitre 32 de la Règle où Benoît dit que l’abbé confiera tous les biens du monastère à des frères dont la vie et la conduite lui inspirent confiance. Même grammaticalement, en français en tout cas, « confier » quelque chose à quelqu’un signifie qu’on a « confiance » en lui.
Le texte latin dit qu’il les confie « custodienda atque recolligenda ». Il en confie donc la garde et le soin. Il faut que, d’une part les biens ne soient pas perdus ou dispersés et que, d’autre part, ils demeurent en bon état.
Benoît prévoit aussi qu’un inventaire est tenu de ce qui est confié et remis à la fin du mandat. Recevoir une charge au monastère, c’est assumer une « responsabilité », c’est-à-dire qu’il faudra en « répondre ». Ce n’est pas devenir patron ! Les écrits du monachisme primitif, en particulier le Testament d’Horsièse (l’un des premiers successeurs de saint Pachôme) sont extrêmement sévères à l’égard des frères – surtout des supérieurs – qui utiliseraient pour leur satisfaction personnelle ce qui appartient à l’ensemble des frères.
En bon Romain, Benoît ne prévoit pas une tâche sans une sanction en cas de non observation de la tâche. Il le fait ici également. Mais il est intéressant de noter ce pourquoi sera puni un frère qui a reçu la charge d’objets du monastère. Il sera puni s’il les traite de façon malpropre ou négligente. La propreté des lieux, dans une communauté, révèle le soin porté à la vie spirituelle. Un souci de propreté relève d’une attitude de respect non seulement envers les choses et les lieux, mais envers soi-même et les autres.
Commentaire RB 4, 51-54