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23 novembre

23 novembre 2024.

Mémoire de la Vierge Marie

Ô bouche bienheureuse !

Par saint Nicolas Cabasilas

Lorsque Dieu voulut tirer Ève du côté d’Adam, il ne le prévint pas et ne chercha pas à le persuader de lui livrer son flanc, mais il l’endormit pour l’opérer. Au contraire, quand il s’agit de la Vierge Marie, il commença par l’avertir et attendit son acte de foi avant d’accomplir son œuvre.

De même, au moment de créer Adam, Dieu s’adresse uniquement à son Fils en disant : « Faisons l’homme ». Mais lorsqu’il s’agit d’introduire en ce monde son Premier-né, cet « admirable conseiller », et de façonner le second Adam, il fait participer la Vierge à son dessein.

Ce « grand dessein » dont parle Isaïe, Dieu le proposa, et la Vierge le ratifia. L’Incarnation ne fut pas seulement l’œuvre du Père qui voulut bien, de sa Puissance qui fit sa demeure, et de l’Esprit qui couvrit la Vierge de son ombre, mais elle fut aussi l’œuvre de la volonté et de la foi de la Vierge. Sans le Père, sa Puissance et son Esprit, un tel projet ne pouvait s’élaborer ; sans la volonté et la foi de la Toute-Pure, le conseil divin ne pouvait se réaliser.

Ce n’est qu’après avoir ainsi informé et persuadé la Vierge que Dieu fit d’elle sa mère. Car c’est d’une mère consciente et consentante qu’il voulait prendre chair. De même que lui fut conçu parce qu’il le voulait, de même il voulait que Marie conçoive en pleine liberté et devînt mère par son propre consentement. Admise à participer au plan de Dieu, elle ne fut pas un instrument passif mû de l’extérieur, mais elle s’offrit elle-même et devint la coopératrice de Dieu et de sa providence envers le genre humain, au point d’être associée à l’honneur qui en découlerait.

(…) « Voici la servante du Seigneur, dit-elle, qu’il me soit fait selon ta parole ». Elle parla, et l’effet suivit la parole : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».

Dès que Marie eut donné à Dieu sa parole, elle reçut l’Esprit qui forma d’elle cette chair tout imprégnée de divinité. Sa voix fut une voix puissante, comme le dit David. Et le Verbe du Père fut formé par la parole d’une mère, et le Créateur par la voix d’une créature. « Que la lumière soit ! », avait dit Dieu, et aussitôt la lumière fut.

De même, à la voix de la Vierge, la vraie lumière se leva ; celui qui éclaire tout homme venant en ce monde prit chair et fut porté dans son sein. Ô voix sainte ! Ô majesté de tes paroles puissantes ! Ô bouche bienheureuse qui ramène de l’exil l’univers entier ! Ô trésor de ce cœur qui, par quelques mots, déverse sur nous l’abondance de ses biens !

Homélie pour l’Annonciation, 4-5, 10