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20 juin

20 juin 2025.

Vendredi 11ème semaine du TO

Mt 6,19-23

 

Le vrai trésor

Par le Bienheureux Charles de Foucauld

 

Que vous êtes bon, mon Dieu ! Tendre Père, vous qui voulez que règne un amour inaltérable entre tous vos enfants (…) À plus forte raison voulez-vous que vos enfants n’aient jamais l’ombre d’une discussion pour des biens matériels, et que la paix ne soit jamais troublée entre eux à l’occasion de cette boue des biens terrestres et de ces mots « mien et tien ». Aussi vous leur prescrivez de se laisser arracher tous leurs biens par leurs frères injustes, même les plus indispensables, tels que les vêtements qu’ils ont sur leur corps, plutôt que de troubler par une résistance, par une contestation, la charité, la paix, qui doit régner dans la famille.

Laissons-nous dépouiller, voler, arracher tout ce que nous avons sans résistance. Laissons-nous donc ôter, enlever, et les plus grands biens, et les objets les plus indispensables, plutôt que de troubler la charité fraternelle par des discussions, des contestations, des luttes, des batailles. Notre frère est injuste : laissons-le accomplir son injustice en priant pour lui, laissons-nous dépouiller, cédons tout, ne « résistons pas au mal », bornons-nous à lui faire ensuite la correction fraternelle s’il consent à nous entendre, et tâchons de le convertir par cette fraternelle représentation telle qu’elle est enseignée par Jésus, après avoir tâché de le convertir par notre douceur.

D’ailleurs, qu’est-ce que nous cédons ? Qu’est-ce que les plus grands biens sinon un peu de boue ? Et ces biens que nous paraissions posséder, pour combien de temps les posséderions-nous ? Pour les deux moments que dure notre vie ici-bas. Si nous regardons les biens périssables à la lumière de l’éternité, nous comprendrons sans peine que Dieu nous dise de tout quitter sans résistance, si grand ou si indispensable que cela paraisse, parce que tout ce qui est terrestre est infiniment petit, et que rien n’est indispensable sinon la vertu.

À cette lumière on voit avec une évidence éclatante que la moindre augmentation de charité entre les hommes dans cette famille humaine des enfants de Dieu, vaut mille fois mieux, a mille et mille fois plus d’importance que tous les biens matériels du monde.

« L’Église gagne quand la charité gagne ». Dieu gagne quand la charité gagne. Si donc notre frère si coupable, si méchant, si brigand qu’il soit, veut nous prendre notre bien, que ce soient de très grands biens ou le vêtement que nous portons, gardons-nous de le lui disputer. Embrassons-le et donnons-lui tout ce qu’il veut : tu es mon frère, ce qui est à moi est à toi ; un peu de boue ou de laine ne me séparera pas de mon frère ; je t’aime, prends tout ce que tu veux En veux-tu, prends-en plus, prends tout, tout ce que j’ai est à toi, frère bien-aimé, je t’aime, tout ce que j’ai est à toi. C’est le précepte que Jésus nous donne ici, c’est aussi l’exemple qu’Il nous donne, se laissant dépouiller de tout, et mourant nu sur la croix, sans résistance et en priant pour ceux qui l’ont dépouillé et fait mourir.

Œuvres spirituelles, p. 193-194