20 décembre 2024.
Commentaire RB 47, 2-4
2 Les frères qui en ont reçu l’ordre récitent seuls les psaumes et les antiennes, chacun à leur tour, après l’abbé.
3 Aucun frère ne se permettra de chanter ou de lire si on ne peut pas l’écouter avec profit.
4 Quand un frère en reçoit l’ordre de l’abbé, il le fait avec humilité, sérieux et grand respect.
Le fait d’être chantre à l’Office ou lecteur à l’église relève dans la Règle d’une décision de l’Abbé et du respect du rang en communauté (verset 2 et 3). Au verset 3, Benoît précise ce qu’il a déjà dit au chapitre 38 à propos du lecteur au réfectoire : seuls les frères sachant bien lire ou chanter s’acquitteront de cette tâche. L’essentiel ici est de lire ou de chanter l’Écriture avec révérence et d’aider la communauté à prier.
Ce que Benoît veut dire ici, c’est que la communauté doit pouvoir saisir ce qui est proclamé ; ajoutons aussi que, pour Benoît, le lecteur ne peut lire et chanter convenablement la Parole que s’il l’a comprise ou se l’est appropriée.
Au verset 4, il met le lecteur ou le chantre, en garde contre l’orgueil. C’est là un leitmotiv de la littérature monastique. Jérôme écrit qu’avoir une belle voix n’est pas un atout (« Récite le Psaume quand vient ton tour, sans t’occuper du son de ta voix, mais en t’investissant intérieurement »). La Règle de Macaire dit encore : « Que nul ne se vante à cause de sa voix » et Cassien : « Même les débutants et ceux qui ont encore fait peu de progrès dans la vertu ou dans la science, se gonflent souvent de vanités à cause du timbre de leur voix, sous prétexte qu’ils chantent plus mélodieusement ».
En résumé, les lecteurs et les chantres sont au service de la Parole de Dieu et non pas à l’exhibition de leurs talents.
Au verset 4, Benoît résume la juste attitude intérieure avec trois mots clés :
- Il en appelle à l’humilité comme remède contre l’orgueil, qui permet de décentrer chacun de lui-même et de ses dons personnels.
- Il invite à la gravité, au sérieux (gravitas) qui concentre chacun uniquement sur la Parole de Dieu.
- Il invite enfin au profond respect, expression que l’on retrouve en RB 50,3 et qui doit se comprendre ainsi : le frère aura toujours le Seigneur devant les yeux.
Ces trois termes accompagnent le moine pour accomplir tous les services liturgiques : thuriféraire, acolyte, lecteur, prêtre de semaine, antiphonier, hebdomadier à l’Office…
HUMILITE – SERIEUX – PROFOND RESPECT.
Commentaire RB 4, 49-50