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19 septembre

19 septembre 2024.

Jeudi de la 24ème semaine du TO

Lc 7, 46-50


Hospitalité et reconnaissance

Jésus se tourne vers la femme. Mais non pour s’adresser à elle. Et de manière surprenante, cette femme pécheresse est montrée en exemple à Simon, le pharisien. La scène est presque comique : Jésus la désigne à Simon, comme si celui-ci ne l’avait pas remarqué, et comme si elle avait toujours été là pour Jésus. Mais l’avait-il vu sous cet angle ? La femme devient parabole.

Jésus reprend le critère de Simon pour qui celui qui a la plus grande dette est celui qui a reçu le plus en raison de sa fidélité à la Loi. Il pointe justement combien cette femme fut plus fidèle que Simon à une loi ancestrale et sacrée : l’hospitalité. Celle qui aurait pu être rejetée du repas en raison de sa vie pécheresse, est celle qui a le mieux honoré, accueilli Jésus et reconnu en lui, celui qui offre le pardon. Le pharisien, celui qui pense avoir vu juste, a manqué à son premier devoir d’hôte. Et plus encore, il ne s’est pas impliqué dans cette relation de la même manière. De ce point de vue, Jésus vient d’inverser les rôles entre les débiteurs, et la femme surpasse le pharisien. Jésus va offrir une autre clé d’interprétation en introduisant la notion de pardon, qui jusque-là n’avait pas été évoquée.

 

Le pardon et la dette

Ainsi le critère de la grâce reçue et de l’amour n’est plus le mérite ou la fidélité mais le pardon. Celle qui montre plus d’amour est cette pécheresse. La phrase est très provocatrice dans la maison d’un pharisien. Le pécheur est aimé en raison de sa repentance et du pardon reçu, autant, ou plus, que le croyant fidèle. Jésus insiste sur ce point en invoquant ses nombreux péchés. L’image permet ainsi à Simon de comprendre autrement la parabole précédente en offrant un changement de perspective afin d’apporter un autre regard sur la situation.

Là où, depuis sa table, Simon mesurait uniquement le péché, Jésus désigne la grâce accordée. Là où, dans la parabole, nous avons calculé la perte du débiteur ; Jésus pointe son gain : l’amour. La métaphore permet ce glissement de la dette à la remise de dette, de l’aspect comptable et méritoire à la relation gracieuse. Simon regardait la femme en pointant, calculant, son passé et son état de vie. Jésus s’est laissé toucher par son attitude et oblige à penser en termes de pardon, d’avenir et de relation aimante. La parabole offre ainsi une interprétation à l’attitude de la femme : un geste de reconnaissance et d’amour. Le péché est ici considéré comme une dette parce qu’il représente un manque d’amour que Dieu peut combler. Si Jésus est prophète ce n’est pas pour dénoncer le péché et les pécheurs, mais pour annoncer une remise de dette et un pardon, sans contrepartie, en vue de rétablir une relation aimante entre la personne et le Seigneur. À l’image du généreux créancier, cette grâce vaut pour tous, quel que soit le montant. En cela, ce passage vient également illustrer la parole de Jésus à Nazareth qui, reprenant Isaïe (Is 61,1), annonçait une année favorable accordée par le Seigneur (4,19). Cette année est celle d’une année de grâce et remise de dette voulue lors du grand jubile (Lv 25). Ainsi Jésus vient accomplir le dessein de salut de Dieu.

 

Va ta foi t’a sauvée

Une fois encore, Luc souligne l’immédiateté de la grâce reçue. Sans questionner, sans demander de contrepartie, il offre le pardon de Dieu. La même attitude sera encore illustrée lors de la parabole du père et des deux fils (15,11-32). Mais, ici, nous ne sommes plus dans la parabole, dans l’exemple ou dans l’annonce d’un événement à venir. Jésus fait grâce, ici, maintenant, dans la maison du pharisien. L’attitude de la femme, humble, aux pieds de Jésus, avait déjà tout dit, tout exprimé : les larmes pour le regret et le parfum pour l’action de grâce. Tout respirait la foi qu’elle mit en Jésus, le sauveur. Car il bien de Salut. Plus que Simon et ses convives, elle a su reconnaître en lui cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés et offrir une renaissance. Ainsi, la parabole est plus subversive qu’il n’y parait, et vient établir un réel changement de perspective dans l’accueil de la grâce. Le pardon offert, éclairé par la parabole, permet de mieux comprendre cette délivrance attendue, y compris par le baptiste (7,18-35) et comme l’évoque, à sa manière, le livre des Proverbes : Pr 22,7Le riche a pouvoir sur les pauvres : le débiteur sera l’esclave de son créancier. Esclave d’une situation peccamineuse, la grâce offerte ouvre à une réelle liberté, un véritable salut.