15 mars 2025.
Commentaire Règle 2, 11-15
11 C’est pourquoi, quand quelqu’un reçoit le nom d’« abbé », il doit conduire ses disciples en les enseignant de deux façons :
12 Tout ce qui est bon et saint, il le montre par ses paroles, et encore plus par son exemple. Pour les disciples qui ont le coeur docile, c’est par ses paroles que l’abbé présente les commandements du Seigneur. Mais pour ceux qui ont le coeur dur et pour ceux qui comprennent moins bien, c’est par son exemple qu’il fait voir les commandements de Dieu.
13 Et quand l’abbé explique à ses disciples ce qui est mal, c’est aussi par son exemple qu’il montre qu’on ne doit pas le faire. Sinon, lui qui enseigne aux autres, il sera condamné (1Co 9, 27).
14 Et s’il commet des péchés, un jour Dieu lui dira : « Tu récites mes commandements : mais pourquoi ? Tu parles de mon alliance : pourquoi donc ? Toi, tu détestes tout règlement. Tu jettes mes paroles derrière toi ! » (Ps 49, 16-17).
15 Et aussi : « Tu remarques la paille dans l’Eil de ton frère, mais tu ne remarques pas la poutre qui est dans le tien ! » (Matthieu 7, 3).
Ce chapitre s’adresse particulièrement à l’Abbé d’une Abbaye ou au Prieur d’un Prieuré.
Benoît, après avoir dit que l’abbé sera jugé sur deux choses : son enseignement et l’obéissance de ses frères, précise à propos de l’obéissance que Dieu lui demande de se préoccuper de tous les frères, particulièrement de ceux qui sont les plus hostiles à son enseignement, il ne doit pas les écarter, mais tenter de les ramener à la Règle et à l’Évangile, en revanche, si ces frères s’obstinent, il n’en est pas responsable.
Ici, il développe le premier point, celui de l’enseignement de l’Abbé. Pour certains frères, la parole de l’abbé suffit ; pour d’autres frères, les paroles ne servent à rien, il faut leur montrer la doctrine de l’Évangile et de la Règle par les actes et Benoît se montre très sévère pour l’abbé qui agit mal.
La Règle ici exige beaucoup du supérieur et elle met devant ses yeux les paroles du Psaume 49 : « Tu récites mes commandements : mais pourquoi ? Tu me parles de mon alliance, mais pourquoi ? Toi, tu détestes tout règlement, tu jettes mes paroles derrière toi » ; elle continue avec l’Évangile : « tu remarques la paille dans l’œil de ton frère, mais tu ne remarques pas la poutre qui est dans ton œil ».
Qui pourra accepter la charge d’être abbé ? Quel est le supérieur qui est sans péché et sans limite ?
En fait, Benoît rappelle à l’Abbé que sa mission est exigeante et qu’il ne doit pas se comporter vis-à-vis de ses frères comme un pharisien. Il doit se convertir pour aider ses frères à se convertir. Ce message est capital car ce peut être un danger pour l’Abbé de se croire juste et saint, comme de tout homme qui est investi par Dieu d’une charge spirituelle.
Au chapitre 64, lorsqu’il parlera aux frères du ministère de l’Abbé, il dira les choses autrement. Je résume ainsi : Si votre abbé était parfait, s’il n’avait aucun défaut, pensez-vous qu’il pourrait vous aider ? Comment ferait-il pour vous comprendre ? Il écraserait le roseau froissé et il éteindrait la mèche qu’il faiblit, c’est parce qu’il sait qu’il est lui-même faible et pécheur, qu’il peut être humain à votre égard et que le Christ peut passer par lui pour vous témoigner sa douceur et son humilité du cœur.
9 décembre