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13 mars

13 mars 2025.

Commentaire Règle 2, 1-3

1 L’abbé, celui qui est digne d’être à la tête du monastère, doit toujours se rappeler le nom qu’on lui donne. Il doit prouver par ses actes son nom de « supérieur ».

2 En effet, au regard de la foi, il tient dans le monastère la place du Christ, puisqu’on l’appelle du même nom que le Christ.

3 L’apôtre Paul écrit : « Vous avez reçu l’Esprit Saint. Il fait de vous des enfants de Dieu et, par l’Esprit, nous crions à Dieu : Abba, Père » (Romains 8, 15).

Le Christ est Père parce qu’il introduit les hommes dans le mystère de la Trinité et en fait des fils : « Toi, Jésus, Tu as étendu tes mains paternelles, tu nous as cachés dans tes ailes de père » écrit saint Hippolyte.

Le Christ est Père, en tant qu’Il est Sauveur. Cette signification, est attestée aux IVe‑Ve siècle par plusieurs témoignages. Tout d’abord, celui d’une prière de la fin du IVe siècle, adressée au Christ pour la bénédiction de l’huile des malades : « Tu es notre père et “notre refuge et le protecteur” (Ps 91, 2) contre toute maladie ».

Le titre de père pour qualifier l’action salvatrice du Christ se retrouve aussi sur une curieuse inscription du milieu du IVe siècle – Qui filius diceris et pater inveniris – (tu as été appelé Fils et c’est un Père que nous avons trouvé) placée en lettres de couleur bleu‑vert au‑dessus d’une mosaïque du Christ trônant entre Pierre et Paul dans la catacombe de Domitille, qui fait aussi référence à la paternité du Christ, rédempteur et sauveur.

Il découle de cette paternité du Christ une tendresse. Elle rejaillit sur l’abbé qui tient au monastère la place du Christ.

Le Maître ne l’ignore pas mais lorsqu’il définit le rôle de l’abbé dans le monastère, il présente plus le visage d’un maître que celui d’un père.

Il en va autrement chez Benoît où la paternité, qui revient comme un leitmotiv, éclaire toute la mission de l’abbé[1].

La paternité de l’Abbé renvoie donc à la paternité du Christ qui sauve l’homme par son amour, par sa patience et par le don total de lui-même.

Elle ne relève pas de l’autorité d’un patron ou d’un chef, même si, dans la Règle, l’Abbé est responsable de tout et de tous.

La paternité du Christ ne s’impose pas, elle s’accueille comme une expérience, il en va de même de la paternité de l’Abbé. Un Abbé ne peut pas dire « obéissez-moi », ce serait ridicule, la paternité de l’Abbé n’est qu’en référence à celle du Christ, elle relève de la foi. Personne ne peut obliger un autre à la foi. Si la communauté perd la foi en la médiation, l’abbé ne peut pas exercer sa charge.


[1] « Qu’il soit chaste, sobre et compatissant, et qu’il fasse toujours passer la miséricorde avant le jugement, pour être traité de même. Il haïra les vices, il aimera les frères. Quand il aura à corriger, il le fera avec prudence et sans excès : il ne faut pas qu’en voulant gratter la rouille, il brise le vase. Il aura toujours à l’esprit sa propre fragilité, et se souviendra qu’il ne faut pas piétiner le roseau cassé » : RB 64, 9b‑13.