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15 août

15 août 2024.

ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE MARIE

Lc 1, 39-56

En toi, mon trône !

D’une Homélie de saint Guerric d’Igny

« Viens, ma choisie, et je placerai en toi mon trône”. Et certes, entre tous les bienheureux, Marie est très heureuse, elle qui, parmi le nombre de tous ceux qui ont été choisis, l’a été d’une façon unique, et choisie avant tous les autres. Car le Seigneur l’a choisie ; il l’a choisie pour établir en elle sa demeure, en disant : “Celle-ci est mon repos pour toujours. C’est ici que j’habiterai, car je l’ai choisie”. De fait, il a habité en elle pendant neuf mois, il a habité avec elle et sous son autorité pendant de nombreuses années. Lorsqu’il habitait en elle, il la remplissait d’une grâce unique de dons spirituels  (…). Mais à présent, habitant en elle et avec elle pour une durée sans fin et selon un mode incompréhensible, il la rassasie de la gloire des visions qui font les bienheureux. Extérieurement, il lui montre l’aspect de sa chair glorifiée ; intérieurement, il imprime en elle l’empreinte du Verbe qui glorifie.

(…) Vois si ses enfants, de leur côté, ne semblent pas reconnaître leur Mère : instruits comme par une sorte d’amour filial qui vient de la foi, en invoquant son nom, ils se réfugient vers elle, d’abord et tout de suite, dans tous leurs besoins et dans tous les dangers, comme de petits enfants qui se jettent dans le giron de leur mère. Aussi ne me semble-t-il pas déplacé d’appliquer à ces fils ce que le prophète lui a prédit : “Tes fils habiteront en toi”. Maintenant, en effet, nous habitons à l’abri de la Mère du Très-Haut ; nous demeurons sous sa protection, comme sous l’ombre de ses ailes ; et plus tard, nous serons comme réchauffés dans son sein lorsque nous partagerons sa gloire. Alors pleins de joie et félicitant leur Mère, il n’y aura qu’une voix pour dire : “Nous tous qui nous réjouissons, notre demeure est en toi, sainte Mère de Dieu !”.

Mais ne crois surtout pas qu’il y ait plus de bonheur et de gloire à demeurer dans le sein d’Abraham que dans le sein de Marie, alors que le Roi de gloire a placé en elle son trône. “Viens, dit-il, ma choisie, et je placerai en toi mon trône”. Il ne pouvait dépeindre avec plus d’exactitude et d’à-propos le privilège unique de sa gloire, qu’en l’appelant le trône du Dieu souverain. Car la divine majesté ne s’est livrée à aucune âme avec autant de plénitude et d’intimité qu’à celle en qui elle a choisi de résider d’une manière spéciale, de préférence à toutes les autres. “Viens, dit-il, ma choisie, et je placerai en toi mon trône”. Ce serait peu, dit-il, que tu sièges seulement avec le Juge ; tu seras toi-même mon trône ; ainsi tu contiendras en toi la majesté du Roi, avec d’autant plus de joie que ce sera de façon plus intime, et tu saisiras de manière unique entre toutes Celui qui ne peut être saisi. Tu l’as contenu, petit enfant, dans ton sein, tu le contiendras, Immense, dans ton âme. Tu as été l’hôtellerie du pèlerin, tu seras le palais du roi ; tu as été la tente de Celui qui venait combattre en ce monde, tu seras le siège de Celui qui triomphe dans le ciel ; tu as été la chambre nuptiale de l’Époux fait chair, tu seras le trône du Roi couronné.

Sermon 1 pour l’Assomption, 1 ; 4-5.