Mercredi de la 11ème Semaine du Temps Ordinaire / Années Paires / Commentaire d’Ag 1, 1-2, 9 / 19 juin 2024.
Demandons-nous comment on cherche Dieu. Cette question donne le vertige. Mais nous ferons l’effort de l’aborder avec calme en utilisant méthodiquement et efficacement nos facultés.
Il faut d’abord faire un bon usage de la raison, lui redonner un fonctionnement logique, vraiment normal et efficace ; il faut lui redonner confiance. La raison a une fonction irremplaçable dans la religion, elle y a une place d’honneur, une tâche élevée. En tant qu’hommes, nous devons en être fiers. Mais en tant que religieux, nous devons être humbles et prudents. Le Père de Lubac dit à juste titre : « Que l’homme ait l’audace de sa raison ! Quels que soient les méandres parcourus par sa pensée, qu’il sache remonter à la source, qu’il sache rejoindre le foyer ».
À quoi aboutira notre recherche si elle est conduite par la pure raison naturelle ? Elle arrivera certainement très loin, bien au-delà de l’agnosticisme ; mais elle aboutira plus à des désirs qu’à la satisfaction de ceux-ci. Son effort sera plus une tentative qu’une conquête. Il se traduira par cette expression : « l’intelligence à la recherche de la foi », c’est-à-dire d’une connaissance qui lui est donnée par la Révélation. Par cette dernière, nous entrerons alors dans l’ordre gratuit du surnaturel. En rappelant les paroles du Christ : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils a voulu le révéler », saint Irénée commentait : « Si Dieu ne nous enseigne pas, personne ne peut connaître Dieu. Sans Dieu, il était impossible aux hommes d’apprendre à connaître Dieu. C’est par son Verbe que Dieu leur apprend à le connaître ».
Nous arrivons ainsi à la foi, et à la dernière réflexion de la raison sur cette nouvelle et supérieure science de Dieu. Et c’est alors la théologie : « la foi qui cherche à comprendre », selon la célèbre expression de saint Anselme, archevêque de Cantorbéry. La foi a besoin du service de la raison. Elle ne l’étouffe pas, comme on le dit souvent, elle ne se substitue pas à elle, mais elle l’associe à l’acceptation de la parole de Dieu, elle l’élève à cette tâche si ardue et si exaltante : écouter, comprendre dans la mesure du possible, explorer et exprimer la révélation en tant que lumière, principe logique et dialectique de la raison la plus profonde et la plus vitale : « Je crois pour comprendre, commente saint Augustin, on n’entre dans la vérité que par la charité ».
Vous voyez, fils très chers, combien vastes et merveilleux sont les horizons que nous ouvre la recherche de Dieu. Vous voyez qu’elle ne nous entraîne pas vers des spéculations vaines et confuses, mais qu’elle interprète, met en œuvre et amène à sa perfection les aspirations les plus profondes et les plus authentiques de notre esprit. Et personne n’en est exclu. Les petits sont au premier rang de cette école de Dieu.
Audience générale, 2 sept. 1970.