13 novembre 2024.
Commentaire RB 36, 7-10
7 Les malades ont un logement à part, exprès pour eux. Pour les servir, on leur donne un frère qui respecte Dieu avec confiance, qui est plein de dévouement et soigneux.
8 Chaque fois que c’est nécessaire, on offre aux malades de prendre un bain. Mais on le permet plus rarement à ceux qui sont en bonne santé et surtout aux jeunes.
9 De plus, on permet aux frères qui sont très faibles de manger de la viande pour refaire leurs forces. Mais, quand ils vont mieux, tous se privent de viande comme d’habitude.
10 L’abbé veillera avec très grand soin à ce que les cellériers et les infirmiers ne soient pas négligents avec les malades. En effet, c’est l’abbé qui est responsable de toutes les fautes de ses disciples.
Après avoir donné les principes spirituels dans la première partie du chapitre, ici Benoît énonce ce qui est nécessaire au plan pratique.
Tout d’abord, alors que les frères vivent en dortoir, on donne aux frères malades une chambre individuelle où ils peuvent recevoir des soins particuliers.
Dans la Règle, s’il fallait donner une définition de la cellule (Cella), l’on pourrait dire ceci : la cellule désigne un espace déterminé à l’intérieur de la clôture, préservant un espace de vie protégé, équipé de ce que l’on trouve habituellement dans les autres Règles monastiques qui ne connaissent pas le dortoir.
Le frère infirmier est appelé « servitor » avec tout ce que cela induit comme disponibilité et ressemblance au Christ.
En proposant l’usage des bains pour les frères malades, Benoît prend ses distances avec la tradition ascétique monastique. On a vu cependant que Benoît n’est pas le premier à innover : Pachôme aussi autorise les bains et Augustin autorise même à aller en ville aux Thermes, c’est-à-dire aux bains publics. Pour Benoît, il s’agit bien – comme chez Pachôme – de la possibilité de se baigner dans l’enceinte du monastère. On se souvient que Benoît demandera aux jeunes frères en bonne santé de s’abstenir de bains fréquents.
Au verset 9, Benoît autorise les moines malades à manger de la viande de quadrupède (bœuf ou cheval) ce qui est une dispense beaucoup plus grave à l’époque que celle de prendre une douche, mais il prend soin de rappeler aux malades que, lorsqu’ils sont rétablis, il faut arrêter de manger la viande quadrupède. Le frère redevenu bien-portant ne doit pas s’attacher par facilité à ce que la maladie avait rendu nécessaire.
Au verset 10, il reprend ce qu’il a déjà dit au verset 1 : que les malades soient entourés d’une extrême sollicitude et il charge l’Abbé d’y veiller.
Dans la vie monastique, on le voit chez Basile, chez Augustin, chez Césaire, même si l’Abbé désigne un frère comme infirmier, c’est lui qui est responsable des frères malades. Si l’Abbé doit soigner la communauté en sage médecin, il doit également se préoccuper des besoins corporels des frères, sinon il sera accusé par la Règle de négligence, ou de mépris.
Rappelons que, dans la Règle de saint Benoît, l’Abbé et l’infirmier sont responsables des malades, mais qu’il y a un troisième personnage qui doit en porter le souci, c’est le cellérier. Dans la Tradition monastique, il n’existe qu’une seule Règle qui parle du cellérier par rapport aux malades, la Règle Orientale : « Le cellérier, prenant à cœur les besoins et les souffrances des frères mal portants, il ne refusera rien de ce que désirent ces malades pour autant qu’il l’aura, dans toute la mesure où ils en auront besoin ».
Commentaire RB 4, 3-9