13 février 2025.
Commentaire RB 67, 4
4 Et ils demandent à tous de prier à cause des fautes commises pendant le voyage. En effet, ils ont peut-être regardé quelque chose de mal, ils ont peut-être écouté des paroles mauvaises ou inutiles.
La communauté monastique n’est pas une secte qui considèrerait que ce qui se vit à l’extérieur n’est pas bon et que nous serions les seuls bons chrétiens.
Par expérience, nous le savons, beaucoup de chrétiens qui vivent dans le monde (et parfois même des frères musulmans ou des frères de religion traditionnelle africaine) sont meilleurs que nous. Souvent, la tradition monastique parle de cela. Abba Arsène lui-même dit qu’il a rencontré un cordonnier à Alexandrie qui dépasse de loin en sainteté tous les moines du désert de Scété.
Lorsque nous sortons du monastère, il est important que nous apprenions à nous émerveiller du comportement de nos frères humains, de leur courage, de leur foi, de leur bonté et que nous apprenions d’eux. Cela est beau et grand car le moine a le regard contemplatif.
En revanche, à l’extérieur du monastère, que ce soit en famille, en ville, ou même auprès du clergé, nous trouvons aussi parfois une manière de vivre et de penser qui n’est pas la même que celle du monastère. Parfois, cette manière de faire peut nous sembler meilleure que la nôtre parce que plus efficace, plus moderne, plus agréable aussi.
Ici, il faut faire attention et bien discerner. Même si nous sommes au monastère depuis dix, vingt ou trente ans, l’esprit du monde colle toujours à notre peau et nous devons sans cesse apprendre à nous libérer de cet esprit. Le moine, même lorsqu’il est très vieux, reste marqué par son éducation et par l’esprit du monde. Pour discerner ce qui est bon et utile et ce qui est incompatible avec notre vocation, nous devons croire en notre vie et l’aimer dans sa manière d’être et dans sa simplicité.
La vie monastique est à la fois très forte et très fragile. Elle est forte si nous nous accrochons au Christ, elle est fragile si nous laissons progressivement l’esprit du monde reprendre le dessus en nous. Saint Benoît nous donne dans ce chapitre un remède très efficace qui peut beaucoup nous aider : la prière des frères, la prière de l’Office. C’est là, lorsque la communauté est rassemblée pour la prière, que nous apprenons la vérité des choses : lorsque nous prions avec nos frères, nous sommes les plus intelligents du monde car nous faisons ce qu’il y a de plus utile à faire sur cette terre. Ne l’oublions jamais.
12 novembre