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10 octobre

10 octobre 2024

Commentaire de RB 31, 3-7

3 Il prendra soin de tous.

4 Il ne fera rien sans ordre de l’abbé.

5 Il obéira avec soin aux ordres qu’il reçoit.

6 Il ne fera pas de peine à ses frères.

7 Si un frère lui demande quelque chose qui n’est pas raisonnable, le cellérier ne le rendra pas triste en lui montrant du mépris. Mais, humblement, il refusera avec raison à celui qui a fait une mauvaise demande.

Benoît, dans les versets 3 à 5 présente la fonction du cellérier selon trois axes, non pas au niveau matériel, mais spirituel :

  • Il prendra soin de tout : soin = cura en latin. Dans la Règle, c’est l’Abbé qui prend soin de tout, mais ici, à trois reprises, Benoît le demande au cellérier.
  • Il ne fera rien sans ordre de l’abbé.
  • Il observera ce qu’on lui prescrira.

Il en va du cellérier comme du Prieur (le second du monastère), ces deux frères sont rattachés à l’Abbé qui leur confie une mission dont ils doivent rendre compte.

On comprend ici le souci de Benoît : ce n’est pas de garantir la toute-puissance de l’Abbé ; au contraire, Benoît est celui qui délègue le plus de toute la Tradition monastique. Comment comprendre alors ?

Pour le Prieur, au chapitre 65, c’est très clair, Benoît ne veut pas que la communauté soit divisée entre deux autorités contradictoires (ceux qui soutiennent l’abbé et ceux qui soutiennent le prieur), il a eu lui-même à vivre ce problème dans sa communauté, il est donc important que les deux hommes marchent main dans la main pour que la communauté soit unie.

            Pour le cellérier, il a en charge le temporel, le matériel, or la bonne marche financière de la maison a parfois pour conséquence que les frères soient utilisés comme des ouvriers et maltraités. L’économie est importante, mais soumise au spirituel, à l ‘équilibre de la vie monastique.

Livré à lui-même, le cellérier peut en venir à l’oublier ; en demandant au Prieur et au cellérier d’obéir à l’Abbé, ce n’est pas l’autorité de l’Abbé que Benoît défend mais le bonheur des frères.

            Cela est résumé au verset 6 : « Le cellérier ne contristera pas les frères ». Ne pas être triste revient souvent dans la Règle et cela dit quelque chose d’important sur la vie communautaire…

Concrètement, la tristesse du frère peut survenir lors d’un refus du cellérier à accéder à une demande qui n’est pas raisonnable, c’est-à-dire irréfléchi ou non-fondé.

Ici Benoît ne reproche rien à ce frère qui fait une demande impossible, mais il s’attarde sur l’attitude du cellérier, il doit refuser bien-sûr, mais il ne doit jamais humilier ou mépriser le frère. Il doit trouver les mots pour lui parler.

Augustin, dans son Commentaire des Psaumes dit la même chose : « Ne méprise pas celui qui te supplie, et si tu ne peux pas lui donner ce qu’il te demande, ne le méprise aucunement ».

A la demande déraisonnable du frère, Benoît oppose l’attitude raisonnable du cellérier (rationabiliter cum humilitate) : le cellérier doit expliquer son refus, montrer ce qui est plus raisonnable, mais le lui montrer avec humilité.

Le propos de la Règle est ici de préserver la qualité des relations fraternelles lors de situations difficiles en sauvegardant toujours le respect des frères.