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10 décembre

10 décembre 2024.

Commentaire RB 44 (Introduction)

On a vu au chapitre 43 que Benoît prévoit toute une série de gestes de « réparation » que doit faire le moine qui arrive en retard occasionnellement ou de façon répétée aux offices – et aussi aux repas, qui ont aussi un caractère sacré. Pour Benoît il ne s’agit pas de « punitions » imposées mais de « satisfactions » que doit faire celui qui a manqué de respect à la communauté. Nous avons depuis assez longtemps laissé tomber la plupart de ces gestes, parce qu’ils ne correspondent plus beaucoup à la mentalité moderne, mais probablement parce qu’on les concevait trop comme des « punitions ». Or, il ne s’agit pas de punitions mais d’une façon de s’excuser et de demander pardon. Il s’agit de « bonnes manières » tout autant que de sens communautaire.

            Benoît en profite pour traiter à nouveau rapidement (au chapitre 44) de ceux qui, pour d’autres manquements plus sérieux à la vie communautaire, ont été exclus de la prière commune et de la table commune. Il utilise l’expression « excommunication » qui n’a évidemment pas alors une connotation aussi dure que celle qu’on donne aujourd’hui au mot. En cela aussi, dans la ligne de toute la tradition monastique antérieure, il ne s’agit pas d’abord d’une « punition », mais simplement de manifester visiblement que quelqu’un s’est déjà séparé lui-même de la communion fraternelle par telle ou telle attitude. Nous avons supprimé depuis assez longtemps, un peu partout, le « chapitre des coulpes » qui était devenu une sorte d’accusation. Il nous faut retrouver des moyens de manifester à la communauté notre regret lorsque nous manquons à la communion fraternelle.

Cela vaut, évidemment, surtout pour des actions ou des attitudes qui auraient gravement affecté la vie de la communauté, et qui ont fait l’objet de sanctions, appelées « excommunications », dont on a parlé dans les chapitres antérieurs. Le chapitre 44 prévoit que la personne qui a reconnu sa faute et qui a été ainsi sanctionnée doit se prosterner a la porte de l’église et à celle du réfectoire et même au pied de tout le monde et qu’il s’abstienne de remplir toute fonction durant l’Office jusqu’à ce que l’abbé juge que la satisfaction a été suffisante et dise « sufficit ». Cette dramatisation est certainement étrangère à notre mentalité actuelle ; mais nous avons sans doute besoin de retrouver des moyens d’exprimer visiblement au sein de la vie communautaire la reconnaissance de nos fautes contre la vie communautaire, notre regret, et la réconciliation de la communauté.

Si nous avons blessé sérieusement une personne ou la communauté il ne suffit pas de dire « désolé », comme si on avait simplement donné un coup de coude à quelqu’un sans le vouloir.