Préparation à la célébration de Noël
Lundi 16 décembre 2024.
A partir du 17 décembre, nous entrons dans ce que l’on nomme en liturgie « le cycle des antiennes Ô ». Autrefois, la fête de l’Annonciation était célébrée le 18 décembre (et non pas comme aujourd’hui le 25 mars) et ces antiennes étaient chantées pendant l’octave de l’annonciation ; lorsque la fête de l’Annonciation fut déplacée au 25 mars, l’Église a maintenu ces antiennes.
Elles commencent toutes par un « O » avec un accent circonflexe et elles reprennent les attentes du Messie par les prophètes de l’Ancien Testament : Ô Sagesse, Ô Adonaï, Ô Fils de la race de Jessé, Ô Clé de la Cité de David, Ô Orient, Ô Roi des Nations.
Lors du retour de l’exil à Babylone, les juifs pieux récitaient chaque jour 18 antiennes primitives en rapport direct avec l’Histoire Sainte. Elles commençaient par l’exclamation « O » et conféraient un titre permettant de faire mémoire de l’action de Dieu en faveur de son peuple.
Il se trouve que la liturgie chrétienne semble avoir conservé ce procédé judaïque, et c’est ce que nous trouvons dans la liturgie de la « Semaine Préparatoire à Noël », et en particulier les sept antiennes que l’on chante au moment du Magnificat, à Vêpres. En s’enracinant sur des citations assez précises, issues soit des grandes prophéties vétérotestamentaires, soit des livres sapientiaux, on y dévoile les « titres » de Jésus-Christ, sans nommer une seule fois son nom. Il faudra attendra le jour de Noël pour le voir apparaitre.
Ces titres qui dévoilent pas à pas le « Nom » de Jésus ont un double intérêt : non seulement de donner sens à la naissance historique de Jésus de Nazareth, mais déjà de donner sens à la mission eschatologique de Jésus le Christ. Les antiennes semblent nous aider à reconnaitre, à travers l’humanité de celui qui va naître, le Fils de Dieu et sa mission selon la Volonté du Père.
Il est fait mention explicite d’un cycle d’antiennes lors du cinquième Concile de Tolède en 636. Ce dernier a été jusqu’à exiger le chant de ces antiennes pendant l’octave de l’Annonciation, qui à cette époque était célébrée huit jours avant Noël. C’est de ce rythme hebdomadaire que proviendrait le septénaire d’antiennes. Ce cycle d’invocations semblerait donc dater du VI-VIIème siècle et on les attribue volontiers au pape saint Grégoire le Grand (540-604). Si l’attribution à saint Grégoire le Grand est contestable, on est sûr qu’elles ont trouvé naissance dans la proximité et la tradition romaine.
Les sept antiennes se chantent donc au moment de l’office des vêpres, encadrant le cantique évangélique du Magnificat. Elles commencent le 17 décembre et vont jusqu’au 23 décembre. Le 24 décembre étant un jour transitoire puisque dès le soir commence la solennité de la Nativité. Chaque antienne commence par « Ô » et lance un cri au Christ « Viens ! »
Voici les 7 titres christologiques en latin, et dans l’ordre du 17 au 23 décembre : Sapientia, Adonai, Radix, Clavis, Oriens, Rex, Emmanuel.
Toutes ces antiennes, avec une ardeur et une ferveur grandissante, lancent leur appel : « Viens pour nous sauver ». Et toujours plus pressante, retentit la promesse : « Voyez, tout est accompli », et finalement : « Sachez aujourd’hui que le Seigneur vient, et demain vous le verrez dans sa gloire ».
Pendant cette semaine, l’Église nous invite à porter dans notre prière toutes nos attentes pour nous-mêmes et notre conversion, pour notre communauté, pour nos familles et nos amis, pour notre pays, pour le monde.
Depuis toujours les hommes attendent un Dieu qui les aime, un Dieu très proche, un Dieu qui les comprenne, ils ont cherché ce visage à travers les religions traditionnelles, mais à Noël, l’espérance, de tous les peuples et de tous les temps, se trouve réalisée.
Dans la vie chrétienne, il est important que chacun de nous se présente en ces jours, vrai, devant le Seigneur, tel qu’il est, sans protection. La nuit de Noël, Dieu se présentera à nous comme un petit bébé sans protection, pour nous apprendre à ne pas avoir peur de Lui, car personne n’a peur d’un bébé. Il fait cela pour que chacun de nous s’approche de Lui tel qu’il est. Le Seigneur n’a pas peur de nos faiblesses et de nos misères.
Dans l’Évangile, nous le voyons s’approcher des malades, même contagieux, des exclus, des prostitués ; il ne demande qu’une seule chose, lui faire confiance et être humble, très humble devant lui en lui présentant comme cadeau deux choses : notre misère et notre confiance.
Cette semaine doit nous préparer à être vrai devant Dieu ; il y aura la confession bien-sûr, mais aussi dans notre lectio et dans notre prière, prenons le temps de regarder notre vie en vérité, et de nous poser la question : quelle est mon espérance sur cette terre ? Qu’est-ce que j’attends de Jésus ?
17 décembre : Ô Sagesse, de la bouche du Très-Haut, toi qui régis l’univers avec force et douceur, enseigne-nous le chemin de vérité : Viens, Seigneur, nous enseigner le chemin de la prudence.
18 décembre : Ô Adonai, chef de ton peuple Israël, tu te révèles à Moïse dans le buisson ardent et tu lui donnes la Loi sur la montagne : Viens, Seigneur, nous délivrer par la vigueur de ton bras.
19 décembre : Ô Rameau de Jessé, étendard dressé à la face des nations, les rois sont muets devant toi tandis que les peuples t’appellent : Viens, Seigneur, délivre-nous, ne tarde plus.
20 décembre : Ô Clé de David, ô Sceptre d’Israël, tu ouvres et nul ne fermera, tu fermes et nul n’ouvrira : Viens, Seigneur, et arrache les captifs établis dans les ténèbres et la nuit de la mort.
21 décembre : Ô Orient, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice : Viens, Seigneur, illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort.
22 décembre : Ô Roi de l’univers, ô Désiré des nations, pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur : Force de l’homme pétri de limon, viens, Seigneur, viens nous sauver. 23 décembre : Ô Emmanuel, notre Législateur et notre Roi, espérance et salut des nations : Viens nous sauver, Seigneur, notre Dieu.