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Liturgie (l’année liturgique)

Cours de liturgie rédigé par Soeur Claire,

Abbaye Notre Dame de Jouarre

(http://users.skynet.be/am012324/scriptorium/studium/jouarre/liturgie/annee-lit-jouarre.htm)

L’ANNÉE LITURGIQUE

Plan

I. Le temps et la Liturgie

II. L’année liturgique

III. Le Dimanche

IV. La fête de Pâques et le cycle pascal

V. Noël-Épiphanie – Avent

VI. Le temps « ordinaire »

VII. Les fêtes et solennités du Seigneur

VIII. Les fêtes des saints et de la Vierge Marie

Chapitre I

le temps et la liturgie

Nous célébrons la Liturgie des Heures au long du jour

Nous célébrons de façon particulière un jour de la semaine: le dimanche

Nous célébrons les fêtes et solennités au long de l’année dont la plus grande est la solennité de PAQUES

La Liturgie est ainsi liée avec le temps et ses rythmes

La perspective de la Bible

Elle nous fait découvrir, dès la première page, l’importance du jour et de la semaine

Lire Gn 1, 1 à 2, 3.

Le temps dans la Bible

La Bible nous apprend que Dieu est à l’origine du temps et de ses rythmes: c’est lui qui a séparé la lumière des ténèbres, créant ainsi les jours et les nuits (Gn 1, 4-5)

Ensuite, il a créé les “luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit et servir de signe tant pour les fêtes que pour les jours et les années » (Gn 1, 14)

Et la création du ciel et de la terre, et de l’homme est présentée symboliquement dans le cadre d’une semaine: Six jours où Dieu a créé le monde et un septième, béni et sanctifié par Dieu, car il avait chômé après tout son ouvrage de création (Gn 2, 1-3). Ainsi sera le SABBAT (Ex 20, 8-11)

Lire Gn 1, 1 à 3, 3

La Bible, c’est aussi le récit de l’intervention de Dieu dans l’histoire d’un peuple, le peuple hébreu qu’il a choisi afin de le libérer du péché et de le ramener vers lui.

Au livre de l’Exode, nous voyons la célébration de la PAQUE.

Elle célèbre la libération du peuple de Dieu de l’Égypte. (Ex 12,14 et 42).

Lire tout le chapitre 12.

C’est une célébration annuelle ; elle rend présente à chaque génération la libération d’Egypte. Ainsi la liturgie actualise et rend présente l’action de Dieu dans l’histoire pour libérer son peuple.

Temps liturgique et le mystère du Christ

Dès l’Ancien Testament, le temps liturgique est donc en relation avec l’action de Dieu dans l’histoire humaine.

“Quand vint la plénitude du temps, Dieu a envoyé son Fils, afin que nous soyons des fils et des héritiers de par Dieu” (Gal 4, 4). Ce Fils, Jésus, a réalisé la libération, le Salut par sa Passion, sa Mort et sa Résurrection. C’est le mystère pascal. C’est par la Liturgie de l’Église que nous y avons part.

Lire CONSTITUTION SUR LA LITURGIE du Concile Vatican II (SC 5 et 6)

Par la Liturgie, le Christ est présent. La Liturgie est un AUJOURD’HUI car c’est la rencontre avec Dieu

“Le salut est maintenant plus près de nous qu’au temps où nous avons cru… le jour est arrivé” (Rm 13, 11-12).

Lire CONSTITUTION SUR LA LITURGIE du Concile Vatican II (SC 7)

La Pâque de Jésus s’accomplit aujourd’hui pour chacun de nous. Elle fait entrer l’humanité dans un temps nouveau. Le passé est rendu présent, ainsi que le futur ou le devenir.

“Voici que je fais l’univers nouveau” (Ap 21, 5)

“Il n’y a auprès de Dieu qu’un “aujourd’hui” divin qui est bien différent de cet “aujourd’hui” que nous concevons à la façon des hommes. Quand nous disons “maintenant”, ce “maintenant” s’écoule aussitôt; il tombe déjà dans le passé, tellement notre instant présent et l’aujourd’hui de la terre sont fugitifs. Mais auprès de Dieu, il y a un “aujourd’hui” qui ne passe pas, qui signifie une présence sans fin, un présent qui dure toujours. Nous ne saurions le comprendre.

Par les saints mystères (c’est-à-dire la liturgie et au plus haut point l’Eucharistie), Dieu nous attire dans sa vie à lui et c’est ainsi que vivant encore sur la terre, nous nous tenons déjà dans l’éternel aujourd’hui de Dieu, pour prendre part à l’action de la vie céleste”…

Odon CASEL(grand théologien de la liturgie)1886-1948(dans LMD 65)

“Dans le christianisme, le temps a une importance fondamentale. C’est dans sa dimension que le monde a été créé, c’est en lui que se déroule l’histoire du salut qui a son apogée dans la “plénitude du temps” de l’Incarnation, et atteint sa fin dans le Retour glorieux du Fils de Dieu, à la fin des temps. En Jésus-Christ Verbe incarné, le temps devient une dimension de Dieu qui est en lui-même éternel. Avec la venue du Christ commence les “derniers jours” (cf. He 1, 2), la “dernière heure” (1 Jn  2, 18), avec elle commence le temps de l’Église qui durera jusqu’à la Parousie.

… Chaque année, chaque jour, chaque moment est inclus dans l’Incarnation et la Résurrection du Christ pour se retrouver ainsi dans la Plénitude du temps. C’est pourquoi l’Église, elle aussi, vit et célèbre la liturgie dans l’espace d’une année. L’année solaire est ainsi imprégnée par l’année liturgique qui reproduit en un sens tout le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption en commençant par le premier dimanche de l’Avent pour se terminer par la solennité du Christ-Roi, Seigneur de l’univers et de l’histoire. Chaque dimanche rappelle le jour de la Résurrection du Seigneur.”

JEAN-PAUL II         Lettre apostolique tertio millenario adveniente (10 nov. 1994)

Chapitre II

L’année liturgique et son organisation

Elle déploie au long de l’année le mystère du Christ et de notre Salut.

« L’Église, chaque semaine,  au jour qu’elle a appelé le Jour du Seigneur,  fait mémoire de la Résurrection du Seigneur qu’elle célèbre encore une fois par an en même temps que sa bienheureuse Passion par la grande Solennité de Pâques. Elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation et la Nativité jusqu’à l’Ascension, jusqu’à la Pentecôte et jusqu’à l’attente de la bienheureuse espérance et de l’avènement du Seigneur.”

CONSTITUTION SUR LA LITURGIE du Concile Vatican II (SC1O2)

Lire aussi SC 103 et 1O4

— Noter dans quel ordre le Concile énumère les célébrations de l’année

— Comment voyons-nous évoqués dans ce passage

le passé, le présent, l’avenirrendus présents dans la liturgie?

— Saint Benoît parle-t-il de l‘année liturgique?

(cette question sera reprise dans les pages suivantes)

“Dans son ensemble et sa totalité, l’année liturgique est bien l’image de l’éternelle et divine économie du salut et elle contient tout le mystère du Christ. Mais à l’intérieur du grand cycle et au cours de son rythme, le mystère se conforme à l’œil de l’homme qui n’est pas encore capable, comme il le sera au ciel, d’embrasser d’un seul regard la totalité. Et de même que l’année contient une présence divine, ainsi chacun des jours du cycle ramène et fait revivre l’événement sauveur qui autrefois lui a conféré sa sainteté particulière (…)

Ce qui donne au mystère cette signification particulière, ce n’est jamais la seule pensée humaine, mais toujours la présence divine.”

Odon CASEL

Organisation de l’année liturgique aux premiers siècles

Les célébrations chrétiennes sont liées aux fêtes juives, non pas directement, mais plutôt parce que Jésus a vécu ces fêtes; sa Vie et spécialement sa Mort et sa Résurrection ont eu lieu dans le cadre des fêtes juives et de la Pâque juive.

Dès le Nouveau Testament, après la Résurrection de Jésus, nous voyons la célébration du dimanche, le “premier jour de la semaine”, le lendemain du sabbat. Le dimanche célébre, chaque semaine, la Résurrection de Jésus.

Au siècle suivant, un dimanche de l’année est solennisé: celui qui est le plus proche de la date de la Pâque juive, afin de célébrer la Passion et la Résurrection de Jésus au jour anniversaire. C’est la Solennité de Pâques, la Fête des fêtes. Le centre, en est la Veillée pascale, la nuit de Pâques.

A partir du 3e siècle, la fête de Pâques est prolongée durant cinquante jours de façon festive: c’est la Cinquantaine pascale ou Pentecôte, sans que le 50e jour soit déjà spécialement marqué.

De même, Pâques se déploie sur 3 jours pour célébrer de façon plus différenciée la Passion et la Résurrection de Jésus: du vendredi au dimanche (sans que soit marqué de façon spéciale le jeudi).

Le 4e siècle connaît, tout à la fois, le développement et l’organisation de la liturgie et de la vie de l’Église:

Le Carême apparaît (déjà un peu au 3e siècle) et s’organise surtout comme le temps de préparation au Baptême: c’est le temps du catéchuménat, puis le temps de pénitence des baptisés.

Le jour de la Pentecôte se différencie des 50 jours de Pâques.

puis apparaît l’Ascension, aux 40 jours.

Noël et le temps de Noël apparaissent également, puis l’Avent se développe peu à peu.

A ces temps forts de l’année liturgique qui célèbrent le Mystère du Christ et notre Salut, il faut ajouter les Célébrations des Saints, en premier lieu celles des Martyrs, et celles de Marie, la Mère de Jésus. C’est le “Sanctoral”.

1er s.Célébration de Pâques chaque semaine: le Dimanche, “Jour du Seigneur”

2e s.Pâques : Solennisation d’un dimanche pour célébrer Pâques

3e s.Pâques : La Cinquantaine pascale ou Pentecôte

4e s.  Carême, Pâques, Ascension, Pentecôte, Avent, Noël + Épiphanie 

Chapitre III

Le Dimanche, Le “Jour du Seigneur”

L’origine du Dimanche

La célébration du dimanche remonte au jour de la Résurrection de Jésus: les quatre évangélistes précisent que c’est le premier jour de la semaine, le premier après le sabbat que Jésus, ressuscité, s’est manifesté à ses disciples:

Mt 28, 1

Mc 16, 1

Lc 24, 1

Jn 20, 1

Ce même jour, les disciples d’Emmaüs reconnaissent Jésus à la fraction du pain (expression qui désigne primitivement l’Eucharistie) (Lc 24, 35).

Le soir de ce jour également, Jésus transmet à ses Apôtres l’Esprit et le pouvoir de remettre les péchés, et il les envoie en mission (Jn  20, 21).

Plusieurs autres textes du Nouveau Testament montrent encore l’importance du dimanche et nous devinons que sa célébration est rapidement hebdomadaire:

Jn 20, 26: “Huit jours après”, donc le dimanche qui suit sa Résurrection, Jésus se manifesta encore à ses disciples réunis

Ac 20, 7-12: Les disciples de Jésus sont assemblés, avec S. Paul, le “premier jour de la semaine” pour “rompre le pain” et écouter la parole de Paul. Ainsi, la célébration du dimanche avec le rassemblement des chrétiens pour l’Eucharistie et l’écoute de la Parole, afin de faire mémoire de la Résurrection du Christ est une constante de l’Église depuis l’origine:

La Lettre de Pline le jeune à l’empereur Trajan (début du 2e siècle) témoigne de cette fête du Jour du Seigneur en parlant des chrétiens qui “ont coutume de se réunir à jour fixe, avant l’aurore, pour chanter entre eux un hymne au Christ comme à un dieu”

Voici le témoignage de S. Justin:

“Le jour qui est appelé le jour du soleil, tous les nôtres qui habitent les villes ou les campagnes s’assemblent en un même lieu. On lit les mémoires des Apôtres ou les écrits des prophètes… Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c’est le premier jour, où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde et que, ce même jour, Jésus-Christ, notre Sauveur, ressuscita des morts.”

“Ordonne et persuade au peuple d’être fidèle à prendre part à l’assemblée du dimanche. Que personne n’y manque, que chacun soit fidèle à se réunir afin que personne ne diminue l’Église en n’y venant pas et diminue ainsi d’un membre le Corps du Christ. »Didascalie des Apôtres (3e siècle)

C’est aussi ce que dit la Constitution sur la Liturgie (Vatican II):

“L’Église célèbre le mystère pascal en vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la Résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur, ou dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils se souviennent de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus, et rendent gloire à Dieu ‘qui les a régénérés pour une vivante espérance par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts.’”(I P 1, 3). Aussi le jour du Seigneur est-il le jour de fête primordial… jour de joie et de cessation du travail.… Il est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique.”

Lire CONSTITUTION SUR LA LITURGIE du Concile Vatican II (SC 106)

Le Sabbat et le Dimanche

Au début, les Juifs devenus chrétiens ont d’abord continué à célébrer le sabbat et le culte juif et à fréquenter le temple et les synagogues (Ac 13, 14). Ensuite, le “premier jour de la semaine” va prendre la place de la célébration du sabbat comme jour consacré à Dieu, jour de joie et de cessation du travail, mais il reste toujours le jour de la Résurrection du Christ:

“Ceux qui vivaient selon l’ancien ordre des choses, sont venus à la nouvelle espérance: n’observant plus le sabbat, mais le dimanche, jour où notre vie s’est levée par le Christ et par sa mort.” ST IGNACE D’ANTIOCHE

Le “Jour du Seigneur”, cette expression apparaît en Ap 1, 10; le mot grec employé donnera le mot latin dominicus dies, ou dominica et en français, dimanche (alors que les langues germaniques ont gardé l’expression “jour du Soleil”).

Le mot Seigneur désigne le Christ Jésus ressuscité et non d’abord Dieu Créateur et Père, car Jésus est Seigneur par sa résurrection (Ac 2, 36).

Jour du culte et jour du repos

Aux trois premiers siècles, ce jour n’était pas chômé (les juifs avaient le sabbat, le monde païen avait d’autres jours). Ce n’est qu’après l’édit de Constantin (4e siècle) que ce jour devint chômé; il est alors le jour de l’assemblée liturgique et jour de repos.

Le “Huitième jour”

Les Pères de l’Église ont employé cette expression pour souligner la nouveauté du monde dans lequel est entré le Christ par sa résurrection et dans laquelle il nous fait entrer; quant au 7e jour, il achève la création.

La célébration du Dimanche

Elle comporte:

— Le rassemblement des chrétiens, c’est ainsi que se constitue l’Église. Le mot Église désigne le rassemblement de la communauté chrétienne “convoquée par Dieu et par les ministres de son salut” pour célébrer la liturgie.

— L’écoute de la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Le lien de l’Eucharistie avec le dimanche est affirmé de façon massive par la tradition de l’Église. (Lc 24; Ac 20).

— La vigile du dimanche a été célébrée dans l’Antiquité chrétienne, surtout en Orient. La prière dans la nuit a une dimension pascale.

— La Liturgie des Heures commence le samedi soir par les “premières vêpres” qui constituent l’entrée dans le dimanche

—  Les Sacrements (Baptême, Confirmation, Ordination) sont souvent célébrés le dimanche dans l’assemblée chrétienne.

L’atmosphère pascale doit marquer le dimanche. C’est un jour de joie, c’est le jour où l’Église prend conscience de la Présence du Christ Ressuscité.

C’est pourquoi les pères de l’Église (spécialement S. Basile) recommandaient de ne pas jeûner ce jour-là et de prier debout, non à genoux.

“L’usage de ne pas plier le genou pendant le ‘jour du Seigneur’ est un symbole de la Résurrection par laquelle nous avons été libérés, grâce au Christ, du péché et de la mort; la “Mort” a été mise à mort par le Christ”. S. IRÉNÉE (2e siècle)

“Nous nous tenons debout quand nous prions le jour consacré à la Résurrection, parce que ce jour-là paraît être en quelque sorte l’image du siècle à venir. (…) Chaque fois que nous fléchissons les genoux et que nous nous redressons, nous montrons en acte que le péché nous a jetés à terre et que l’amour de notre Créateur pour les hommes nous rappelés au ciel” S. BASILE (4e siècle)

—— Saint Benoît parle-t-il du dimanche?

—— Qu’en dit-il?

—— Dans la vie monastique,qu’est-ce qui distingue le dimanchedes autres jours?

—— Retrouver le sens du dimanche

dans les textes de la liturgie du dimanche:

dans la prière eucharistique,

dans les hymnes,

dans le choix des psaumes.

“Le dimanche étant la Pâque hebdomadaire où est rappelé et rendu présent le jour où le Christ est ressuscité d’entre les morts, c’est aussi le jour qui révèle le sens du temps. Il n’y a pas de relation avec les cycles cosmiques selon lesquels la religion naturelle et la culture humaine tendent à rythmer le temps, cédant éventuellement au mythe de l’éternel retour. Le dimanche chrétien est bien autre chose! Jaillissant de la Résurrection, il traverse le temps de l’homme, les mois, les années, les siècles comme une flèche qui le pénètre en les tournant vers le but de la seconde venue du Christ. Le dimanche préfigure le jour final, celui de la Parousie, déjà anticipé en quelque sorte par la gloire du Christ dans l’événement de la Résurrection. (…) La sanctification du dimanche est un témoignage significatif que les chrétiens sont appelés à donner pour que les temps de l’homme soient toujours soutenus par l’espérance.”

JEAN-PAUL II, Lettre apostolique Dies Domini 1998

Chapitre IV

La fête de Pâques et le cycle pascal

Dans sa liturgie, l’Église célèbre le Mystère pascal:

“Jamais l’Église n’omit de se réunir pour célébrer le Mystère pascal en lisant dans les Écritures ce qui concernait Jésus (Lc 24, 27), en célébrant l’Eucharistie dans laquelle est rendue présente la victoire et le triomphe de sa mort, et en rendant grâces “à Dieu pour son don ineffable” (II Cor.        ))9, 15) dans le Christ Jésus, pour la louange de sa gloire (Eph. 1, 12) par la vertu de l’Esprit-Saint”

CONSTITUTION SUR LA LITURGIE du Concile Vatican II (SC6)

Les différentes célébrations du cycle pascal

Dès le début de l’Église, le dimanche fut, nous l’avons dit, la célébration hebdomadaire de la Résurrection du Christ; puis un dimanche devint, dès le 2e siècle, la célébration solennelle et annuelle de Pâques (cf. ci-dessus, c. II).

Le cœur de la solennité de Pâques, et donc le cœur de l’année liturgique, est la Veillée pascale. Mais la célébration de Pâques s’étend sur trois jours: du vendredi au dimanche et commence par la célébration de la Cène, le jeudi soir, en suivant de près les événements rapportés par les évangélistes: c’est le Triduum pascal

Le Temps pascal prolonge la célébration festive durant cinquante jours.

Le Carême prépare la solennité pascale et y achemine catéchumènes et chrétiens dans la pénitence et l’approfondissement de la foi.

 La Veillée pascale

“La veillée pascale, en la nuit sainte où le Seigneur est ressuscité, est considérée comme la “mère de toutes les saintes veillées” (S. Augustin). L’Église y attend la Résurrection du Christ en veillant, et la célèbre dans les Sacrements.

“La Célébration doit se faire entièrement de nuit.” NORMES UNIVERSELLES DE L’ANNÉE LITURGIQUE n° 22

“Depuis les temps les plus reculés, cette nuit est une “veille en l’honneur du Seigneur” (Ex 12, 42). Elle est ordonnée de telle façon que selon la recommandation de l’Évangile (Lc 12, 35) les fidèles, tenant en main leurs flambeaux allumés soient semblables à des hommes qui attendent leur maître, afin qu’à son retour, il les trouve en train de veiller et les fasse asseoir à sa table.” MISSEL ROMAIN

C’est une veillée nocturne comme la Pâque juive, nuit de veille qui commémorait pour toutes les générations la nuit où Yahvé avait veillé pour délivrer Israël et le mener à la liberté.

C’est dans la nuit de notre péché et de notre esclavage que Dieu intervient encore aujourd’hui

La solennité de Pâques fut d’abord marquée par le jeûne pascal qui s’achevait dans une veillée nocturne comportant des Lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament et l’Eucharistie.

Ainsi, à l’origine, la célébration de Pâques ne comportait que cette veillée: elle était marquée par le jeûne que vient rompre la fête, le matin à l’aube, heure de la Résurrection. Ce jeûne est un jeûne d’attente:

Déjà au 3e siècle, puis au 4e, le Baptême est célébré la nuit de Pâques, durant cette veillée.

Au cours des siècles, il y eut une certaine perte du sens de la veillée nocturne de Pâques, au point d’en venir à la célébrer le samedi matin! Elle fut remise en valeur comme célébration de nuit en 1951 et 1955 et retrouva sa place et son sens à la réforme de Vatican II, avec toute la réforme liturgique.

Sa structure et ses symboles

Après la Liturgie de la Lumière – rite d’ouverture -, la veillée pascale comprend 3 parties:

1. Liturgie de laParole (développée)

2. Liturgie du Baptême (et Confirmation)

3. Liturgie de l’Eucharistie

Les grands symboles de la liturgie y sont présents:

La lumière (qui jaillit dans la nuit)

L’eau (pour le Baptême)

L’huile (pour la Confirmation si elle a lieu)

Le pain et le vin pour l’Eucharistie

La liturgie de la lumière, rite d’ouverture

La Bénédiction du Feu Nouveau est une amplification de l’usage juif de la Bénédiction de la lampe, usage solennisé pour les fêtes. Le Feu Nouveau est la première lumière qui jaillit dans la nuit. Il dit la Nouveauté apportée par le Christ Ressuscité. Sa flamme se prolonge dans celle du cierge pascal et dans les cierges des fidèles.

Le cierge pascal symbolise le Christ, “Lumière du monde”, qui brille dans notre nuit, et les cierges tenus par chaque fidèle symbolisent la lumière que tous reçoivent.

L’annonce de la Pâque (ou Exultet) est une proclamation lyrique de la Solennité. Le texte est riche et évoque nombre de passages bibliques. C’est un poème d’action de grâce dont le chant perce la nuit comme la lumière.

“Nuit où le ciel s’unit à la terre

où l’homme rencontre Dieu…

Sois heureuse, notre terre

irradiée de tant de feux

car il t’a prise dans sa clarté

et son règne a chassé la nuit.

Réjouis-toi, mère Église,

toute parée de sa splendeur

entends vibrer en ce lieu

l’acclamation de tout un peuple…

       — CHANT DE L’EXULTET —

La liturgie de la Parole

Elle est la dernière catéchèse de ceux qui vont être baptisés, et comporte des textes bibliques majeurs, sur l’Histoire du Salut réalisé à Pâques: la Pâque du Christ annoncée dans la Pâque juive; la création du monde par “Dieu qui vit que cela était bon”; le sacrifice d’Isaac par Abraham; le Passage de la Mer Rouge et la Sortie d’Égypte; l’Alliance entre Dieu et son peuple. L’Église relit des textes de l’Ancien Testament à la lumière du Christ Ressuscité, de même que Jésus a ouvert l’esprit de ses disciples à l’intelligence des Écritures (Lc 24, 27, et 44-45). L’œuvre du Christ est une Création Nouvelle et une Alliance Nouvelle.

La lecture de la Lettre aux Romains montre comment le Baptême fait entrer dans une vie nouvelle avec le Christ.

L’Alléluia de Pâques retentit après cette lecture (voir plus loin)

—— Voir comment les psaumes et les prières qui les suivent

mettent en relief le sens pascal

des textes de l’Ancien Testament

—— Quelle est la progression de l’ensemble

de la Liturgie de la Parole ?

La célébration du Baptême

La veillée pascale s’est organisée en fonction de la célébration du Baptême. Il est bon qu’elle comporte aujourd’hui la célébration du Baptême pour ceux qui ont suivi le chemin du Catéchuménat, au cours duquel ont eu lieu les étapes préparatoires à ce sacrement.

La confirmation suit normalement le Baptême (elle peut être célébrée plus tard pour des raisons pastorales). Avec l’Eucharistie, ces trois sacrements constituent l’Initiation chrétienne.

Tous les fidèles s’unissent à la célébration du Baptême, de façon particulière, grâce au renouvellement de leur propre Baptême, dans le rite de la rénovation de la profession de foi baptismale suivi de l’aspersion avec l’eau nouvellement bénite par le célébrant. Le sens baptismal de cette veillée est donc pour tous.

L’Eucharistie

Le sommet de la veillée est l’Eucharistie, présence du Christ Ressuscité à son Église comme au repas d’Emmaüs (évangile qui est lu le soir de Pâques).

II. Le Triduum pascal

Autour de la veillée pascale, se sont développés les trois jours (du jeudi soir au dimanche soir). Le triduum pascal a ses racines dans la pratique des pèlerins de Jérusalem qui désiraient suivre pas à pas les événements rapportés dans les Évangiles.

Nous avons ainsi une célébration pascale en plusieurs jours.

Cependant, c’est l’unité et la totalité du mystère pascal qui est célébré.

L’expression “trois jours”, ou “troisième jour” fait partie de la proclamation de la foi: c’est le noyau central du “Credo”: “Il est ressuscité, le troisième jour, selon les Écritures” (cf. I Cor. 15, 4 et Ac 10, 40).

Le Jeudi Saint

La messe du Jeudi Saint

C’est la première célébration du triduum pascal. Elle a lieu le soir, en mémoire de la Cène (repas du soir) où Jésus institua l’Eucharistie.

“La nuit où il était livré, il institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le Sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et en outre pour confier à l’Église, son épouse bien-aimée le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection: sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est mangé, l’âme est comblée de grâce, et le gage de la gloire future nous est donné.” CONSTITUTION SUR LA LITURGIE (SC47)

Le lavement des pieds

A ce repas, S. Jean dit que Jésus a lavé les pieds de ses disciples (Jn 13) et leur a laissé le grand commandement de l’amour au moment où lui-même manifestait cet amour par le don de sa vie pour les siens. Le rite du lavement des pieds au cours de cette célébration rappelle le geste de Jésus.

“Soudain Jésus brûle d’amour:

il se lève de table

et commence à réaliser les mystères,

à parachever la Pâque véritable”

       SAINT EPHREM,

Théologien et poète (4esiècle)

Le “reposoir”

A l’Eucharistie du Jeudi-Saint, sont consacrées des hosties pour la communion du Vendredi-Saint. Elles sont conservées dans un lieu de l’église où il est possible de prier. L’histoire de la liturgie a vu se développer-là une adoration de l’Eucharistie. Ce temps de prière est aussi destiné à suivre et accompagner Jésus à Gethsémani, et à veiller avec lui, sans être une reconstitution historique des événements de la Passion.

La matinée et l’après-midi du Jeudi-Saint ne font pas partie du Triduum pascal qui ne commence qu’avec la messe du soir. La matinée comporte cependant une célébration importante: la “messe chrismale”.

La messe chrismale

C’est la messe au cours de laquelle l’évêque consacre le Chrême (pour la Confirmation, l’Ordre, la consécration des églises) et bénit les autres huiles: l’huile des catéchumènes, l’huile des malades; le saint-chrême et l’huile des catéchumènes serviront pour le baptême et la confirmation conférés aux catéchumènes dans la nuit de Pâques.

Pour des raisons pratiques, la célébration de la messe chrismale peut avoir lieu, le mercredi ou le mardi de la semaine sainte.

Cette célébration a une dimension sacerdotale:

“La messe chrismale est l’une des principales manifestations du sacerdoce de l’évêque et le signe de l’union étroit des prêtres avec lui” MISSEL ROMAIN.

Les prêtres du diocèse y sont tous invités. Les fidèles le sont aussi. Et c’est le sacerdoce de tout le peuple de Dieu qu’exprime l’antienne d’ouverture du Missel romain:

A celui qui nous aime, Jésus-Christ

qui a fait de nous le royaume

et les prêtres de son Dieu et Père,

A lui gloire et puissance, pour les siècles des siècles

ANTIENNE D’OUVERTURE DE LA MESSE CHRISMALE

(Ap 1, 6)

L’unique prêtre est Jésus-Christ qui s’offre à Dieu son Père sur la Croix pour le salut du monde et confie à son Église l’Eucharistie. C’est ce que nous célébrons le soir du Jeudi-Saint.

Le Vendredi Saint

Le vendredi-Saint commémore la Passion du Seigneur. A Jérusalem, au 4e siècle, la liturgie itinérante, dont nous avons parlé, suivait le chemin qu’a suivi Jésus jusqu’au Golgotha. La célébration comporte une liturgie de la Parole avec la lecture de la Passion selon Saint Jean, suivie d’une Prière universelle très développée. Son texte est ancien; cette prière universelle était restée la seule utilisée jusqu’à la réforme de Vatican II, la prière universelle ayant pratiquement disparu des célébrations.

Vient ensuite la Vénération de la Croix après sa présentation par le prêtre: elle est vénérée solennellement par l’assemblée, par un geste (prostration ou agenouillement) et un instant de silence, puis chacun vient ensuite la baiser ou la vénérer par un autre geste.

Il n’y a pas de célébration de l’Eucharistie, ce jour-là, mais une communion au pain consacré la veille: ce jour de jeûne est aussi jour de jeûne par rapport à la célébration des sacrements.

Cette liturgie austère et grave est cependant déjà marquée par la Résurrection, comme le chante en particulier une antienne:

“Ta Croix, Seigneur, nous l’adorons

et ta sainte Résurrection, nous la chantons:

c’est par le bois de la Croix

que la joie est venue sur le monde.”

Le Samedi Saint

Le Samedi Saint prolonge le Vendredi Saint dans le jeûne et le “silence du tombeau”.

La liturgie ne comporte que la Liturgie des Heures; pas de célébration des sacrements. C’est l’attente de la Veillée pascale.

Les derniers rites de préparation au Baptême peuvent avoir lieu.

L’Église veille ce samedi avec Marie dont la place, dans la liturgie de ces jours, est très discrète.

—— chercher dans la liturgie de ces jours

(lectures, chants, prières):

des aspects humains

des aspects spirituels

des aspects théologiques.

Le Jour de Pâques

Si le sommet de la célébration pascale est la veillée de la nuit de Pâques, la journée du dimanche célèbre encore la Résurrection du Christ et par une messe comportant d’autres lectures que celles de la nuit, et par la Liturgie des Heures .

L’Alléluia qui a jailli dans la nuit est repris le jour et durant les cinquante jours de Pâques.

III. Le temps pascal

Dès le 3e siècle — peut-être plus tôt — le jour de Pâques se prolonge en une Cinquantaine ou Pentecôte: ces cinquante jours sont comme un seul jour de fête et de joie:

“Voici le jour que le Seigneur a fait

              Jour de fête et de joie”

                         Ps117

“C’est le temps où le Seigneur ressuscité se manifesta fréquemment aux disciples, le temps où la grâce du Saint-Esprit leur fut communiquée, et qui laissa entrevoir à leur espérance le retour du Seigneur” TERTULLIEN (vers 200)

Durant la Cinquantaine pascale, comme le dimanche,

on ne jeûne pas

on prie debout et non à genoux

le chant de l’Alléluia retentit.

“Voici que nous chantons l’Alléluia:

il est doux, il est joyeux,

il déborde de grâce et de tendresse”

                   S. AUGUSTIN

Et S. Augustin continue en disant que ce chant de l’Alléluia est le chant de l’éternité, que nous chanterons sans nous lasser.

La Pentecôte

Les cinquante jours restent indifférenciés aux trois premiers siècles. Ce n’est qu’à partir du 4e siècle que le cinquantième jour est plus spécialement marqué par la célébration de la venue de l’Esprit-Saint et le début de la prédication évangélique, le jour de la Pentecôte juive, selon le récit des Actes des Apôtres.

L’Octave de Pâques

L’octave de Pâques (ou les huit jours qui suivent Pâques, jusqu’au dimanche suivant inclus) a également un relief particulier. Ces jours ont été organisés au 4e siècle pour la catéchèse “mystagogique” des baptisés de Pâques, c’est-à-dire la catéchèse après le baptême qui explique les rites sacramentels après qu’ils ont été vécus. Nous avons des textes des catéchèses baptismales des Pères de l’Église: S. Cyrille de Jérusalem, S. Augustin, ainsi que Théodore de Mopsueste. Les lectures évangéliques de ces jours sont les récits des apparitions de Jésus Ressuscité que les Pères commentaient aussi:

“Vous avez été conduits près de la sainte piscine du divin baptême, comme le Christ de sa croix au tombeau tout proche. Et chacun fut interrogé: croyait-il au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit? Et vous avez professé la profession salvatrice, par trois fois vous vous êtes plongés dans l’eau et vous avez émergé symbolisant ainsi le triduum du Christ au tombeau. Quand vous étiez immergés, vous étiez dans la nuit et vous n’avez plus rien vu, tandis qu’en sortant de l’eau, vous vous trouviez comme en plein jour. C’est dans le même acte que vous mouriez et que vous naissiez.” S. CYRILLE DE JÉRUSALEM

L’Ascension

L’Ascension se différencie comme la Pentecôte à partir du 4e siècle, au quarantième jour après Pâques, selon le récit des Actes des Apôtres pour célébrer la montée de Jésus au ciel.

Ce jour célèbre surtout la gloire du Christ Ressuscité à laquelle l’humanité est appelée à participer.

“Dieu qui élève le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire: nous sommes les membres de son Corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi et c’est là que nous vivons en espérance” PRIÈRE D’OUVERTURE DE LA MESSE DE L’ASCENSION

De l’Ascension à la Pentecôte

La prière de ces jours est un appel intense à l’Esprit-Saint:

“Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit-Saint qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins…” (Ac 1, 8)

avait dit Jésus à ses disciples.

La diversification de ces liturgies d’après les récits des Actes des Apôtres nous aide à mieux y entrer; cependant, il ne faut pas oublier que ce temps de Pâques célèbre le Mystère de Pâques dans sa totalité: Passion et Mort—Résurrection et Exaltation de Jésus.— Don de l’Esprit — Mission universelle de l’Église dans l’Attente du Retour du Christ. De plus, toute célébration liturgique est toujours célébration du Mystère pascal.

— A partir de textes liturgiques

(lectures bibliques, prières, hymnes, préfaces des messes)

voir ce qui est dit du temps de Pâques:

quelle est notre foi — notre espérance — nos demandes

— S. Benoît parle-t-il de la Solennité de Pâques? du temps pascal?

— Qu’en dit-il? Comment sont-ils caractérisés?

Au temps pascal, sans en faire partie, se rattachent les solennités de la Sainte Trinité, du Corps et du Sang du Christ: chacune de ces solennités est riche de sens (cf. ci-dessous le c. 5).

IV. Préparation à Pâques: le Carême

Le carême est le temps de préparation à Pâques

Durant les trois premiers siècles, cette préparation comprenait seulement un jeûne de deux jours, le vendredi et le samedi précédant Pâques: c’est l’origine de la Semaine Sainte.

Ensuite, le jeûne s’est encore développé: d’abord trois semaines, puis quarante jours sans compter les dimanches qui ne sont pas des jours de jeûne.

Les jeûnes étaient destinés à préparer

— Les Catéchumènes au Baptême dans la nuit de Pâques

— Les Pénitents à la Réconciliation (au temps de la Pénitence publique)

— Tous les Fidèles à la célébration de Pâques, par un temps de pénitence, en union avec les catégories précédentes.

Puis, ce temps s’est enrichi liturgiquement: d’abord marqué par le jeûne, il devint un temps liturgique avec des lectures bibliques et des textes de prières qui lui sont propres.

C’est en fonction du jeûne et de l’aspect pénitentiel de ce temps que les textes liturgiques ont été choisis et composés.

L’imitation du jeûne de Jésus au désert durant quarante jours donne aussi le sens de ce temps liturgique.

Les textes insistent sur ce qui doit accompagner la pratique:

— la prière et l’aumône (Mt 6)

— La lecture et la méditation de la Parole de Dieu

— se détourner du péché

— Aimer Dieu et le prochain en faisant “l’aumône”

“Quel est le jêune qui me plaît? (dit Dieu)

N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes,

rendre la liberté aux opprimés?

N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim,

recueillir chez toi le malheureux sans abri,

ne pas te dérober à ton semblable?

                               Is 58, 9

“Laissez-vous réconcilier avec Dieu”

                               II Cor. 5, 20

Le Mercredi des Cendres

Le mercredi des Cendres ouvre le temps du Carême par l’imposition des cendres, geste pénitentiel lié au jeûne, geste courant dans la Bible et très parlant.

Le Carême et le symbolisme des quarante jours

Le nombre 40 a donné son nom au Carême. Le symbolisme de ce nombre se trouve dans l’Ancien et le Nouveau Testament:

Ainsi, les Hébreux ont séjourné 40 ans au désert avant l’entrée en Terre Promise: c’est un temps d’épreuve et de grâce, un temps de foi, où on ne s’appuie que sur Dieu (Dt 8, 2-6).

Moïse et Élie ont rencontré Dieu pendant 40 jours: tandis que ce fut 40 jours et 40 nuits pour Moïse; ce fut après 40 jours et 40 nuits de marche pour Élie (Ex 24, 18; I R 19, 18).

Pour Jésus, c’est le temps de sa tentation au désert et de son combat spirituel dans le jeûne (Mt 4, 2). La mention de 40 jours et de 40 nuits est symbolique et rappelle les événements de l’Ancien Testament. Le désert est le lieu du choix définitif pour Dieu.

Le temps du Carême est aussi le temps de la tentation et du combat:

“Le serpent est au bord de la route, guettant ceux qui passent: il suit des yeux ceux qui sont en train de se sauver et cherche à les dévorer. Garde ton âme pour qu’il ne puisse la saisir” S. CYRILLE DE JÉRUSALEM

Le temps de la tentation et du combat spirituel est aussi celui de tout chrétien.

Le premier dimanche du Carême nous fait lire le récit de la tentation de Jésus au désert.

Carême et préparation au Baptême

Dès le 4e siècle, les baptêmes étaient célébrés dans la nuit de Pâques, comme ils le sont aujourd’hui et le Carême fut, dès le début, le temps de préparation au Baptême. Le jeûne est une des composantes essentielles du catéchuménat, grand élément du combat spirituel. Toute la communauté chrétienne le vit avec eux.

Le temps du Carême s’est ensuite organisé en fonction des diverses étapes du catéchuménat.

C’est le temps de la prière pour les catéchumènes (des “scrutins” et de la transmission du “Notre Père”).

Et le temps de leur catéchèse, avec la transmission du “Credo”. Certaines lectures bibliques sont particulièrement adaptées à cette catéchèse, comme l’évangile de la Samaritaine, celui de l’aveugle de naissance et celui de la résurrection de Lazare (Jn 4; 9; 11).

La Semaine sainte

La dernière semaine avant Pâques ou “Semaine Sainte”, ou encore “Grande Semaine” (pour les Orientaux), nous fait suivre de plus près Jésus qui va subir la Passion et la Mort.

Elle s’ouvre par le Dimanche des Rameaux et de la Passion. La procession des Rameaux vient d’un usage antique de Jérusalem: elle célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem, et elle acclame le Messie.

Le récit de la Passion est le second aspect de cette célébration. Il y a un aspect déjà pascal dans cette célébration.

Il ne s’agit pas de mimer un événement historique mais, comme en toute célébration liturgique, de marcher aujourd’hui à la suite de Jésus et de l’acclamer comme Sauveur du monde en sa Pâque.

Le Carême proprement dit se termine avec le Triduum pascal, c’est-à-dire le jeudi-saint avant la Célébration de la Cène.

La messe chrismale, dont nous avons déjà parlé, a lieu juste avant le Triduum pascal et réunit les prêtres autour de l’évêque.

La célébration de la Réconciliation se situe bien en cette fin du carême: soit en une célébration communautaire, soit en une célébration individuelle.

A Rome, vers les 6e et 7e siècles, avait lieu avant la fête de Pâques la Réconciliation des Pénitents. La “Pénitence publique”, n’existe plus; mais la démarche de pénitence et de réconciliation de tous les chrétiens doit garder un sens communautaire et ecclésial.

—— A partir de textes liturgiques

(lectures, prières, hymnes)

retrouver les grands thèmes du Carême.

—— S. Benoît parle-t-il du Carême?

Qu’en dit-il?

—— Comment vivons-nous notre propre baptême

en ce temps liturgique?

Chapitre V

Noel – Épiphanie – Avent

Origine et sens des Fêtes de Noël et de l’Épiphanie

Contrairement au Dimanche et à Pâques dont l’origine remonte au jour même de la Résurrection du Christ, les deux fêtes de Noël et de l’Épiphanie n’apparaissent qu’au 4e siècle qui, après la paix de l’Église, voit un grand développement de la vie de l’Église et de sa liturgie.

Il s’agit de christianiser des célébrations païennes du Soleil au moment du solstice et de les remplacer par celles du Christ, “Soleil de Justice” (Mal 4, 2) et “Lumière du monde” (Jn 2 et 8; Is 9).

A l’origine le 25 décembre à Rome et le 6 janvier en Orient sont équivalents. Puis Rome et l’Orient adopteront chacun les deux dates en les différenciant.

Noël à Rome célèbre le Christ-Soleil, le “Soleil invaincu” (“Sol invictus”): c’est une fête de gloire et en même temps la naissance du Christ selon la chair, son Incarnation et sa venue dans notre monde (c’est le sens du mot latin “Adventus”).

En effet “Adventus” (Avent) “Natale” (Nativité) et le mot grec “Epiphania” (Épiphanie) désignent à peu près la même réalité: la Manifestation.

“La grâce de Dieu s’est manifestée (mot grec: Epiphania) pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché… pour vivre dans le monde présent en, hommes raisonnables… et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus-Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur” Tite 2, 11-13 (Lecture de la nuit de Noël)

Les deux manifestations du Christ sont: sa venue en notre monde (sa naissance en notre humanité), et sa manifestation dans la gloire, que nous attendons; ce dernier thème sera très présent dans la liturgie de l’Avent.

Le 6 janvier en Orient c&eacut