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Commentaire RB 4, 70-73

29 juillet 2024.

70 Avoir un grand respect pour les anciens.

71 Avoir de l’affection pour les plus jeunes.

72 Prier pour tes ennemis parce que tu aimes le Christ.

73 Quand tu t’es disputé avec un frère, retrouver la paix avec lui avant le coucher du soleil.

« Vénérer les anciens », ce conseil se trouve déjà dans la 1e Lettre de Pierre 5, 5 : « Jeunes gens, soyez soumis aux anciens. » Benoit dit : « seniores venerare ».

Senior est à entendre, semble-t-il, dans le strict sens du comparatif : ceux qui sont plus âgés. Il n’est pas question ici d’expérience, ni de sagesse. 

La culture romaine, qui était celle de Benoit apprenait à se taire devant une personne plus âgée. Dans la Règle, les anciens forment un Conseil, qui est consulté pour les affaires courantes. Leur qualité d’ancien les voue à reprendre les jeunes, si nécessaire, mais aussi à consoler l’excommunié, comme en secret.

Au chapitre 63, sur l’ordre de la communauté, Benoit développera largement ce conseil. Il nous engage à nous prévenir d’honneur les uns les autres. 

Mais il ne faut pas négliger ce constat : le Seigneur peut bouleverser le cours des choses et des âges. Il peut emplir la jeunesse d’une sagesse que beaucoup d’anciens n’ont pas.

« Aimer les plus jeunes ». Cet amour de dilection, Benoit ne le restreint pas à une catégorie de moines. Tous les frères doivent aimer de cet amour gratuit, que l’Esprit Saint invente. La Règle nous demande d’aimer Dieu, les ennemis, notre Abbé.

Il reste que les plus jeunes, pour grandir dans l’amour, ont sans doute plus besoin de se sentir aimés. C’est pourquoi Benoit insiste pour que les anciens leur ouvrent tout grand leur cœur. C’est la grâce du grand âge, de se laisser consommer dans l’amour. Un âge où l’expérience permet de beaucoup comprendre, où le cœur est plus libre pour la confidence et pour l’indulgence. C’est un peu cette complicité qui existe, parfois, entre grands-parents et petits-enfants.

Cependant, ces juniores, il faut les appeler « frères », malgré le décalage de générations. C’est d’amour fraternel qu’il faut les aimer. Pas d’un amour paternel ou grand-paternel ! Une espèce d’égalité à créer, qui ne va pas de soi. Car nous devons nous garder des rivalités et des jalousies. L’Évangile nous le rappelle à propos des visées de Jacques et de Jean qui voulaient les premières places : « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ! » (Mc 10, 43).