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3 janvier

3 janvier 2025.

Commentaire RB 52

1 L’oratoire sera ce que son nom veut dire : un « lieu de prière ». Dans cet endroit, on ne fera pas autre chose que prier, on mettra seulement ce qui est utile pour la prière.

2 Quand le Service de Dieu est fini, tous les frères sortent dans un profond silence, avec un grand respect pour Dieu.

3 Ainsi, quand un frère veut rester pour prier seul, les autres ne le gênent pas.

4 Et quand, à un autre moment, un moine veut prier dans le secret de son cœur, il entre simplement et il prie. Il ne prie pas à voix haute, mais avec larmes et de tout son cœur.

5 Celui qui ne prie pas de cette façon n’aura pas la permission de rester à l’oratoire après le Service de Dieu, comme on vient de le dire. Ainsi, il ne gênera pas un autre frère.

À deux reprises dans sa Règle, Benoît parle avec une grande pudeur de la relation du moine à Dieu : au chapitre 20 sur « La révérence dans la prière » et, au chapitre 52, sur « l’oratoire du monastère. »

Au chapitre 20, Benoît demande que la prière silencieuse faite communautairement soit brève et pure, mais il indique cependant une possibilité de prolonger l’oraison personnelle, à condition – dit-il – que le moine « soit touché par l’inspiration de la grâce divine » ; ce simple trait est l’affirmation que la prière ne s’adresse pas seulement à Dieu, elle vient de lui.

Au chapitre 52, nous apprenons qu’il arrive bel et bien que le moine soit « touché » par Dieu dans le cadre de l’Office !

Benoît rattache la prière personnelle du moine à la prière communautaire ou, du moins, au lieu de la prière communautaire qu’est l’oratoire. Pour Benoît, nous sommes cénobites jusque-là, nous sommes liés les uns aux autres jusque dans notre relation à Dieu.

Aller à l’église dans la journée pour prier seul peut nous sembler naturel, il n’en allait pas ainsi du temps de Benoît. L’église, c’est le lieu de la communauté, c’est là que je rencontre mon Dieu qui veut que ma vie soit liée à celle de mes frères pour le chercher, pour l’écouter et pour le trouver.

« Il priera sans bruit avec larmes et application du cœur. » Cette précision de Benoît nous donne quelques éléments pour la prière… ce qui est assez rare dans la Règle qui ne se veut pas être un traité sur la prière…

Ici Benoît nous laisse trois mots qui balisent une manière de prier : « sans bruit, avec larmes, avec application de cœur »

« Sans bruit » : Après la prière chorale communautaire, vient la prière, seul, en silence. Silence extérieur sur lequel nous devons veiller les uns pour les autres… pour faciliter le silence intérieur… « Sans bruit » nous le savons les bruits intérieurs sont les plus difficiles à faire taire. Chercher à les apaiser en présentant au Seigneur ce qui en est la cause (nos soucis, nos colères ou nos tristesses) est déjà chemin de prière. Chemin qui peut être laborieux.

« Larmes » : Les anciens étaient familiers de la prière avec larmes, non des larmes de tristesse, mais des larmes de repentir qui lavent… Finalement il s’agit de larmes de libération du cœur qui se reconnaît humblement à la fois pécheur et aimé par Dieu … La confession des péchés libère du joug du remord et de la culpabilité malsaine… Et les larmes expriment ce que le cœur ressent, bien mieux que ne le feraient les mots…

« Application du cœur » : La prière engage notre cœur… Appliquer notre cœur à la prière, nous rendre vraiment disponible, c’est-à-dire être là vraiment dans la lumière de la présence de Dieu… Voilà qui n’est pas le moindre de notre labeur spirituel…

Notre cœur peine souvent à demeurer là, vulnérable, sans maîtrise… La facilité est de divaguer et de se laisser aller ailleurs… Un des labeurs de notre prière est donc de vouloir être là sous le regard de notre Père… et de nous appliquer à l’écouter… La répétition d’un mot ou d’un verset entendu est souvent un moyen concret d’appliquer notre cœur à se tenir là présent à la présence de notre Père… Que l’Esprit Saint qui prie en nos cœurs nous vienne en aide !