23 juillet 2024.
59 Ne pas céder aux mauvais désirs du corps.
60 Détester ta volonté égoïste.
Sur tout ce qui touche la sexualité, nous savons que Benoît est très discret. Il a raison car c’est un domaine très délicat car très personnel. Pour certains, c’est relativement facile, pour d’autres, c’est un calvaire qui peut durer toute la vie. Les discours qui sont bons pour les uns sont inefficaces pour les autres.
Un peu plus loin, au verset 64, il aura deux mots qui disent tout : Castitatem amare (Aimer la chasteté). Elle ne doit pas être quelque chose que l’on subit, mais quelque chose que l’on aime et qui a du sens, quelque chose que l’on choisit librement. Même si parfois, le moine est emporté par ses passions, s’il aime la chasteté, il y reviendra comme à son trésor et à son lieu véritable.
Ce matin, Benoît rappelle un élément fondamental pour lequel nous sommes tous d’accord : « Ne pas céder aux désirs de la chair ». C’est le principe valable pour tout le monde. Ceci dit, la tradition monastique nous enseigne (et l’expérience aussi) que ce n’est pas en luttant contre les pulsions sexuelles que l’on devient chaste, mais plutôt, à travers l’ouverture du cœur, et la qualité de notre quotidien (le travail manuel et intellectuel, les relations fraternelles, la lectio, la prière et surtout l’obéissance).
Aussi Benoît, après avoir dit « Ne pas céder aux désirs de la chair », ajoute « haïr sa volonté propre » (Voluntatem propriam odire). On ne peut pas lutter face à face contre la sexualité, ce serait destructeur, mais l’on peut lutter contre sa volonté propre.
Lorsqu’une mère ou une grand-mère dit de son fils ou de son petit-fils : « Oh celui-là, il fait ses quatre volontés », c’est-à-dire il fait ce qu’il veut, il n’écoute personne, on ne peut rien lui dire… On sent souvent une grande inquiétude chez les parents, car les anciens ne peuvent alors rien faire pour transmettre aux jeunes et aux enfants le chemin de la vie.
Pareillement, lorsque le moine (ou l’homme en général) fait ce qu’il veut, quand il veut, sans tenir compte des autres, de Dieu, de ce qui est prévu par la Règle ou par la vie de la maison, lorsque les frères sont à gauche et que lui est à droite… il est très très fragilisé.
En revanche, lorsque nous sommes tentés, lorsque nous nous sentons salis par les pensées, par des réactions, par des actes, incapables parfois de prier, si nous nous accrochons au Christ, c’est-à-dire concrètement à l’Office, à la Lectio, aux services communautaires, à l’attention aux frères, à notre emploi, aux études, nous sommes sauvés de nous-mêmes. Nous sommes forts dans notre faiblesse, forts de la force de la présence et de l’amour du Christ.
Commentaire RB 2, 37-40