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Commentaire RB 4, 14-15

6 juillet 2024.

14 Donner à manger aux pauvres.
15 Donner des vêtements à ceux qui sont nus.

Il est bon d’entendre ces deux instruments même si notre situation de moine à l’écart, ne nous met pas souvent en contact avec des pauvres, qui ont faim ou qui sont sans vêtements. Des frères accueillent cependant en notre nom les personnes en difficulté qui passent au monastère.

Ce ministère délicat auprès d’eux est aussi à regarder dans la foi comme une grâce, grâce de pouvoir soulager et accompagner un instant ces hommes et ces femmes dans la détresse… grâce de sortir de nous-même pour nous ouvrir à la profondeur de notre monde blessé.

« Restaurer les pauvres ». Pauperes recreare. Ces deux instruments font penser spontanément au fait de nourrir les pauvres ou de vêtir ceux qui sont nus. Mais les mots latins de recreare, en français de restaurer, laissent entendre bien davantage que le seul don de nourriture ou de vêtement. Restaurer, remettre debout, redonner confiance, recréer…

Nous savons à travers l’expérience de nos propres pauvretés, que le pauvre ce peut être nous aussi, au gré des épreuves ou des difficultés de la vie. Heureux sommes-nous si ce partage d’expériences vécues à l’extérieur du monastère, nous aide à changer notre regard sur la détresse de nos frères proches ou lointains ! La charité du Christ veut par là aussi nous ouvrir les yeux et nous agrandir le cœur.

Mais, nous le savons, la pauvreté, nous la rencontrons aussi dans la communauté. En mettant tout en commun, nous mettons aussi en commun nos pauvretés, nos misères conscientes ou inconscientes, toutes les pesanteurs que nous peinons à assumer, et que l’on demande aux autres de supporter consciemment ou non.

Cela veut dire ici qu’il y a du travail pour tout le monde et que tous nous avons à retrousser nos manches pour nous faire proche du pauvre qui est à côté de nous. Notre premier réflexe est souvent de juger, de maugréer contre tel défaut, d’être impatient, voire d’envoyer promener le frère.

Pourquoi avons-nous tant de peine à reconnaître notre frère avec ses pauvretés ? Parce que nous voudrions éviter d’avoir à le porter par notre patience et notre amabilité ? Ou bien parce que nous voudrions qu’il soit comme nous, c’est à dire presque parfait. Tous, les uns et les autres, nous avons été appelés dans cette maison de Dieu, pour nous édifier, nous reconstruire et nous restaurer, les uns par les autres.

Prenons courageusement notre part pour porter, supporter, restaurer nos frères comme eux même prennent soin de nous. Ensemble édifions le Corps du Christ par notre patience et par notre charité bienveillante.