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9 mars

9 mars 2025.

Commentaire Règle 1,1-2

1 Il y a quatre sortes de moines, c’est clair !

2 La première est celle des cénobites. Ils vivent ensemble dans un monastère. Ils combattent au service de Dieu, guidés par une Règle et un abbé.

C’est à travers tous les 73 chapitres de la Règle que Benoît expliquera ce qu’est un cénobite.  Il en donne ici, dans le verset 2 de ce chapitre, une description lapidaire, qui montre bien où est pour lui l’essentiel. 

Un cénobite c’est quelqu’un qui :

  1. Appartient à un monastère, c’est-à-dire une communauté stable,

Et qui vit (« milite », dit Benoît) :

  • Sous une règle
  • Et sous un abbé. 

Ce sont là les trois éléments essentiels.  Tout le reste peut être important, mais reste secondaire.  L’histoire nous montre qu’il y a plusieurs catégories de cénobites. 

Au sein d’un monastère cénobite la vie pourra être structurée de façons fort diverses.  L’équilibre entre prière commune et prière privée pourra varier.  On pourra dormir en dortoir ou en cellules séparées.  On pourra faire sa lectio au cloître, en cellule ou en scriptorium.  On pourra travailler en commun ou dans des ateliers séparés. 

Tout cela peut varier selon la grâce propre de chaque communauté et de chaque personne.  En revanche, ce qui fait l’élément fondamental d’une communauté c’est la koinonia (un mot tout à fait du Nouveau Testament avant d’être pachômien…), c’est-à-dire la communion profonde entre les personnes d’un même monastère.

Le deuxième élément mentionné par Benoît, c’est la « Règle ».  Ceux qui viennent au monastère sont des personnes qui, comme l’a dit le Prologue, désirent le salut et désirent militer sous le Christ, le véritable roi.  Cela peut évidemment se faire dans le monde et dans divers états de vie.  Une communauté monastique est un groupe de personnes qui, non seulement ont toutes perçues cet appel à se laisser transformer à l’image du Christ, mais ont choisi de le faire selon une « Règle de Vie » commune librement choisie.  Personne n’est obligé de devenir moine.  Au candidat, on lit le texte entier de la Règle trois fois durant sa période de probation, lui demandant chaque fois de dire si c’est vraiment cela qu’il veut vivre.  Il doit alors promettre sa « stabilité » dans la communauté.  Quelqu’un peut bien participer à la vie de la communauté pour un certain temps, mais un cénobite est quelqu’un qui a choisi de vivre de façon stable selon cette règle de vie. 

Benoît utilise l’expression « militer sous une règle », soulignant ainsi que, pour le moine, c’est sa façon concrète de « militer » sous l’autorité du Christ Roi.

         Le troisième élément est de « militer sous une règle et un abbé« .  Le rôle de l’abbé par rapport à la Règle et à la communauté sera décrit dans le prochain chapitre. 

         Qu’il suffise pour le moment de faire remarquer que l’ordre dans lequel Benoît présente les divers éléments qui constituent la vie cénobitique est important: a) la communauté, b) la règle et c) l’abbé. 

         Chaque fois que, dans l’histoire du monachisme, on a interverti cet ordre, ou donné une importance démesurée à l’un ou l’autre des trois éléments par rapport aux autres, on a abouti à des déformations de la tradition, engendrant soit une attitude légaliste (influence démesurée donnée à la Règle), soit de l’autocratisme (rôle exagéré de l’abbé), soit une forme de démocratisme (autorité prépondérante du groupe sur les individus). Ces trois dérives ne permettent pas de construire un monastère bénédictin.