9 mars 2025.
1er dimanche du Carême
Année C
Lc 4, 1-13
Les tentations de Jésus et le combat spirituel du chrétien
D’un Sermon de Saint Léon pour le début du Carême
Nous arrivons donc, bien-aimés, au début du Carême, c’est-à-dire à un service plus empressé du Seigneur, puisque nous nous engageons avec nos œuvres saintes dans une sorte de lutte, et préparons nos âmes aux combats des tentations.
Comprenons que plus nous apporterons de soin à notre salut, plus les attaques des ennemis seront violentes. Mais celui qui nous habite est plus fort que celui qui est contre nous, et grâce à lui, nous sommes solides, nous qui nous confions en sa force. Car si le Seigneur a permis au Tentateur de le tenter, c’est pour que nous soyons fortifiés par son aide, pour nous instruire par son exemple.
En effet, comme le montre l’Évangile de ce jour, il a vaincu l’adversaire par des arguments tirés de l’Écriture et non par le pouvoir de sa force. Par là même, il honorait davantage l’homme et châtiait davantage l’adversaire, puisque l’ennemi des hommes était vaincu à présent non par quelqu’un qui se présentait comme un Dieu, mais comme un homme. S’il l’a combattu alors, c’est pour que nous le combattions ensuite ; il l’a vaincu pour que nous le vainquions de la même manière.
Car bien-aimés, on ne fait pas de preuve de vertu si l’on n’expérimente pas la tentation ; il n’y a pas de foi sans épreuves, pas de combat sans ennemi, pas de victoire sans engagement. Notre vie ici-bas se déroule au milieu des embûches, au milieu des batailles. Si nous ne voulons pas être surpris, il faut veiller ; si nous voulons l’emporter, il faut combattre.
Ainsi donc, bien-aimés, abordons sans paresse et sans crainte le combat proposé. Dans ce stade où l’on combat par le jeûne, ne nous croyons pas quittes en pensant que seule compte l’abstinence de nourriture. Car c’est peu de chose d’affaiblir la chair, si nous n’alimentons pas la vigueur de notre âme. Après avoir affligé quelque peu l’homme extérieur, que l’homme intérieur s’en trouve fortifié ; et après avoir soustrait à la chair son rassasiement corporel, que l’esprit puise des forces aux délices spirituelles. Que tout chrétien s’observe de toutes parts, qu’il scrute le fond de son âme par un sévère examen ; qu’il veille à ce que nulle trace de discorde n’y demeure, nulle convoitise ne s’y installe. Que la chasteté chasse bien loin l’inconduite, que la lumière de la Vérité dissipe les ténèbres du mensonge. Que l’orgueil désenfle, que la colère s’apaise, que soient brisés les traits blessants et que soient réprimés les dérèglements de la langue ; que cessent les vengeances et que les injures soient oubliées. Bref, que soit déraciné tout plant que n’a pas planté le Père céleste. Car les semences des vertus ne pourront bien croître en nous que lorsque toutes les mauvaises herbes auront été extirpées du champ de notre cœur.
Aussi, bien-aimés, nous souvenant de notre faiblesse, nous qui tombons facilement dans toutes sortes de méfaits, ne négligeons pas ce remède très puissant et ce médicament très efficace pour guérir nos blessures. Celui qui, avec l’aide de la grâce de Dieu, mettra tout son zèle à tendre de tout son cœur à la perfection, s’acquittera parfaitement du saint jeûne. Étranger au vieux ferment de malice, il parviendra à la bienheureuse Pâque avec des azymes de pureté et de vérité, et vivant d’une vie nouvelle, il se réjouira à bon droit dans le mystère de la nouvelle création de l’homme.