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8 mars

8 mars 2025.

Samedi des Cendres

Ouverture du Carême

Vivre le Carême

D’une homélie du Pape PAUL VI

Plus qu’aucun autre temps, le Carême met en jeu les deux éléments de notre salut : la miséricorde de Dieu et notre volonté ; éléments disproportionnés, mais nécessaires. Il y a d’un côté la miséricorde de Dieu avec sa façon mystérieuse d’entrer dans nos psychologies si complexes et si personnelles et d’y opérer ce que Dieu seul peut opérer : donner à nouveau la vraie vie, la vie de Dieu, là où le péché en avait interrompu le cours. Il y a d’un autre côté notre volonté ; une volonté résolue qui, bien qu’elle puisse être rare et imparfaite, se révèle pourtant indispensable pour que soit efficace ce vigoureux et complexe exercice du Carême.

Arrêtons-nous un instant sur ce deuxième élément. La volonté a une importance capitale dans notre vie religieuse en ce temps de Carême. Nous sommes appelés à un effort d’ascèse actif, empressé, généreux. La joie pascale nous conduira ensuite à une attitude de contemplation et d’allégresse qui sera plutôt passive, mais aujourd’hui, la volonté se doit d’être vigilante, active, exigeante, pleine de désirs, et peut-être de résolutions, de décisions.

L’Évangile en effet, s’énonce en des termes qui renient une certaine forme de vie, une certaine vie qui est précisément notre vie personnelle, terrestre et présente, une vie désordonnée et égoïste. Le Christ, notre Seigneur et Maître, ne nous a-t-il pas dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Lorsque le Christ forme ses disciples, cette pensée est à la base de son enseignement. Il y revient à plusieurs reprises et toujours sur un ton catégorique et pressant : « Qui aime sa vie la perd, et qui cesse de s’y attacher en ce monde, la gardera pour la vie éternelle ».

De telles paroles sont dures à entendre, car elles tendent non pas à conquérir, mais à renoncer. Jésus prêche l’abnégation, Il demande à qui veut le suivre, de renoncer à lui-même. Il s’agit, commente saint Grégoire, de renoncer non seulement à des biens extérieurs, mais à notre autonomie intérieure, lorsque celle-ci refuse de se soumettre à Dieu et se renferme dans son égoïsme ou lorsqu’elle devient une idole pour elle-même. Aussi, le renoncement à soi est-il plus dur que la lutte pour l’exaltation de soi. Mais il est aussi source de plus de joie. Rappelons-nous les Béatitudes.

Homélie prononcée en la Basilique Sainte-Sabine.