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7 janvier

7 janvier 2025.

Mardi après l’Épiphanie  

Mc 6, 34-44

D’une Homélie de Jean Tauler

Comme Marie

Dans la nuit de Noël, le Fils de Dieu est né d’une mère, il est devenu notre frère. Il a été dans l’éternité engendré sans mère, et dans le temps sans père. Or saint Augustin nous dit : « Marie a été bien plus heureuse de ce que Dieu est né spirituellement en son âme, que du fait qu’il est né d’elle selon la chair ». Celui donc qui veut voir cette naissance noble et spirituelle s’accomplir en son âme comme dans l’âme de Marie doit considérer quelles étaient les dispositions particulières de Marie, elle qui fut mère de Dieu, mère à la fois d’esprit et de corps.

Marie était une vierge, chaste et pure ; c’était une jeune femme promise et fiancée ; elle se tenait à l’écart et séparée de tout, lorsque l’ange vint à elle. C’est ainsi que doit être une mère spirituelle de cette divine naissance. Elle doit être une vierge chaste et pure. Si elle s’est parfois égarée du chemin de la pureté, il faut maintenant qu’elle y revienne. Une vierge, c’est une personne stérile extérieurement, mais intérieurement très féconde. C’est ainsi que la vierge dont nous parlons doit fermer son cœur aux choses extérieures, avoir peu de commerce avec elles et porter peu de fruits extérieurement. C’est ainsi que Marie n’avait de soucis que des choses de Dieu. Mais à l’intérieur, il faut que cette vierge porte beaucoup de fruits. « Toute la parure de la fille du Roi vient de l’intérieur ». Une vierge qui veut lui ressembler doit donc vivre dans la retraite, ayant toutes ses dispositions habituelles, ses pensées, sa conduite orientées vers l’intérieur. C’est ainsi qu’elle porte beaucoup de fruits, et un fruit splendide, à savoir : Dieu lui-même, le Fils de Dieu qui est et porte en lui toutes choses.

(…) Enfin, Marie s’était enfermée ; de même encore la servante de Dieu doit se tenir enfermée, si elle veut ressentir vraiment en elle cette naissance, s’abstenant non seulement des dispersions temporelles qui paraissent devoir lui apporter quelque dommage, mais même des pratiques purement sensibles des vertus. Elle doit assez souvent faire le silence et le calme en elle-même, s’enfermer en son intérieur, se cacher dans l’esprit pour se soustraire et échapper aux sens, et se faire à elle-même un lieu de silence et de repos intérieur.

C’est de ce repos intérieur dont il est dit : « Alors que l’on était en plein silence, que toutes choses étaient dans le plus grand silence, et que la nuit était au milieu de son cours, c’est alors Seigneur, que de ton trône royal descendit la parole toute-puissante », le Verbe éternel sortant du cœur de son Père. C’est au milieu du silence, au moment même où toutes les choses sont plongées dans le plus grand silence, où le vrai silence règne, c’est alors qu’on entend en vérité ce Verbe, car si tu veux que Dieu parle, il faut te taire ; pour qu’il entre, toutes choses doivent sortir. Cette multiplicité d’images, qui cachent en toi le Verbe et s’étendent sur lui, empêche sa naissance en toi, sans que pourtant te soit totalement enlevée la paix qui vient de lui. Cette paix, il est vrai, ne peut toujours régner en toi. Et pourtant, c’est par elle que tu deviendras mère spirituelle de cette naissance.

Sermon pour Noël, p. 19-20 – In Sermons, (Sagesses Chrétiennes), Cerf, 1991.