7 février 2025.
Commentaire RB 65, 1-10
1 Assez souvent, de graves conflits naissent dans les monastères quand on établit un second.
2 Certains seconds, gonflés d’un mauvais esprit d’orgueil, s’imaginent qu’ils sont abbés, eux aussi. Ils se donnent tous les pouvoirs ! Ils entretiennent les conflits et divisent les communautés.
3 Cela se passe surtout dans les monastères où c’est le même évêque et les mêmes abbés qui établissent et l’abbé et le second.
4 On voit facilement que cette façon de faire va contre tout bon sens. En effet, dès le début, en établissant le second dans sa charge, on lui donne l’occasion de devenir orgueilleux.
5 Ses pensées lui disent qu’il ne dépend plus de l’autorité de son abbé.
6 Elles lui répètent : « Ce sont les mêmes personnes qui t’ont établi, toi et l’abbé. »
7 Et les résultats sont : envies, disputes, paroles contre les autres, jalousies, divisions et désordres graves.
8 Alors l’abbé et le second s’opposent l’un à l’autre. Tant que cette division existe, eux- mêmes sont forcément en danger,
9 et les frères qui sont sous leur autorité vont à leur perte, parce que l’abbé et le second cherchent à plaire à ceux de leur parti.
10 Ceux qui ont fait naître un si grand désordre, sont les premiers responsables de ce grave malheur.
« Il est inévitable que leurs âmes soient en danger, tant que durent ces dissensions, et leurs subordonnés courent à leur perte ».
Quand Benoit évalue les dégâts causés par les dissensions provoqués en communauté, ici par le prieur (le second de l’Abbé), il songe d’abord aux préjudices spirituels pour toutes les personnes impliquées : l’abbé, le prieur, et les partisans de l’un et l’autre.
Les personnes et la communauté sont en danger. Elles se sont laissées gagnées de l’intérieur par le mal de l’orgueil, de l’envie et de la médisance. Du coup elles ne sont plus en capacité de prendre du recul. Elles sont débordées intérieurement, incapables de se maitriser. Il en découle disputes, dissensions, rivalités…
Ces lignes peuvent tous nous ramener à la modestie si nous sommes un peu lucides. Tous nous sommes fragiles. Dans des situations d’adversité, nous pouvons connaitre des tempêtes intérieures, soit très sporadiques, soit très lancinantes. Elles nous secouent et nous ballottent au gré des pensées de colère, d’amertume, de jalousie, ou bien au gré du vent plus sournois de la tristesse qui assombrit tous les horizons.
Que faire ? Comment faire la lumière ?
Avoir le courage de parler est notre recours immédiat. Parler peut nous aider à revenir à la réalité de laquelle les pensées troublantes nous ont souvent tirés, nous faisant errer comme un bateau perdu, loin des côtes. Celui qui a pris cette habitude de parler de ses propres tempêtes intérieures saura mieux repérer les petites tempêtes qui ne manquent pas au quotidien. Il apprendra à aussi mieux les contourner ou à les apaiser.
Prier le Seigneur de la paix qui connait, et notre cœur et celui de notre adversaire présumé. Il peut lui seul donner la lumière et la douceur…Il le fera d’autant plus facilement que nous lui abandonnons notre propre misère, sans plus nous préoccuper de vouloir changer les autres.
Mais Benoit veut aussi veiller à la manière d’organiser la vie commune. Elle sera juste et équilibrée pour ne pas donner prise à ces vents de tempêtes. Dans la maison de Dieu, les choses doivent être réglées sagement (cf. RB 53,22). Il désire donc ici proposer une solution juste pour que la possibilité d’avoir un prieur en communauté soit un facteur de paix. Il revient à l’abbé d’y veiller.
17 novembre