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7 Août

7 août 2024.

Mercredi de la 18ème Semaine du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-28)

Jésus, depuis le chapitre 14, 22-33, a quitté Israël, il a traversé le lac de Tibériade dans les conditions que l’on sait où Pierre a manqué de se noyer, mais rien ne peut empêcher Jésus d’aller à la rencontre des hommes, aucune tempête ne le peut.

Il a guéri des malades à Génésareth et, le voilà, à présent dans la région païenne de Tyr et de Sidon.

Le voilà, en relation avec une femme païenne, une cananéenne de la région.

Elle implore la guérison de sa fille et ses disciples veulent la faire taire et Jésus approuve l’attitude de ses disciples dans une parole qui exprime la théologie telle qu’elle était vécue dans la foi d’Israël de ce temps : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Jésus perçoit sa mission reçue du Père comme celle du rassembleur Israël, de celui qui fera que tous les exclus, tous les pécheurs d’Israël ne se sentent pas rejetés par Dieu, mais reviennent à Lui.

On a là un point fondamental de l’incarnation qu’il est important de creuser : Oui, nous le croyons, le Fils est l’égal du Père, il est vraiment Dieu ; il est aussi véritablement homme comme nous et sa divinité n’est en rien diminuée par son incarnation alors que sa vie humaine n’est pas une apparence, un vêtement extérieur, mais une réalité. Totalement uni au Père pendant sa vie terrestre comme il l’était au ciel (« Le Père et moi, nous sommes un »), il a eu à vivre cette union sous le mode de l’incarnation. Homme comme nous ? Oui, donc il n’a pas su tout d’avance, il n’avait pas – comme certains ont pu l’écrire – une lumière qui lui révélait tout à l’avance, il a cheminé, il a grandi comme le dit saint Luc dans les Évangiles de l’enfance : « en sagesse, en taille et en grâce ».

Nous avons du mal à imaginer, nous qui sommes marqués par le péché et son retentissement en nous, ce que peut être la vie d’un homme qui n’a jamais connu le péché, c’est Jésus qui nous le révèle, et, ce faisant, il nous révèle à nous-mêmes ; notre nature n’est pas pécheresse par essence, le péché ne dit pas ce que nous sommes, mais plutôt ce que nous ne sommes pas et l’homme véritable, c’est Lui, le Christ : « Ecce homo » comme le dit Pilate !  « Voici l’homme ».

Oui, n’ayons pas peur de le dire, Jésus a eu la foi et la foi c’est croire sans voir, c’est même parfois marcher dans la nuit comme Jésus à Gethsémani !

La foi, c’est la totale confiance qui fait naître la totale disponibilité de notre être tout entier à la volonté de Dieu : une volonté qui ne s’exprime que rarement par des visions ou des révélations privées, mais par la vie, comme ici avec cette femme cananéenne ! Dans cette expérience de l’incarnation, Dieu, en son Fils, nous rejoint en profondeur et nous entraîne vers le Père, par cette même expérience ; il nous fait fils en Lui.

Revenons à notre texte. Jésus s’adresse à cette femme avec une parole qui peut nous sembler rude, mais qui exprime la théologie du peuple d’Israël, le peuple élu de Dieu. Et là, que se passe-t-il ? Cette femme désigne Jésus avec le terme le plus fort que l’on puisse imaginer « Kurios », c’est-à-dire « Seigneur Dieu » ? Qui donc le lui a révélé ? Qui le lui a dit ? Les Apôtres eux-mêmes sont alors incapables de l’appeler ainsi… et voici que c’est une païenne qui le fait !

Cette femme ne revendique aucun titre, elle sait qu’elle n’est pas fille d’Israël, qu’elle n’a aucun doit auprès de son Seigneur pour obtenir la guérison de sa fille… Elle a confiance, elle croit !

D’où vient la foi de cette femme ? D’où vient la foi tout simplement ? Du Père, Jésus le sait et il sait même que la foi de cette femme est grande… à un autre païen, un officier romain, il dira même à son sujet « jamais je n’ai vu une telle foi en Israël ! »

Voilà que Dieu donne la foi en Jésus à des hommes et à des femmes qui ne sont pas juifs ! La théologie de Jésus s’en trouve renversée… Il ne peut plus dire « je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ». Qui le lui montre ? Le Père lui-même qui l’a envoyé. Quelle conséquence cela aura-t-il ? La parole de Jésus « Allez de toutes les nations et baptisez-les », ce sera l’Église, la conséquence. Quelle conséquence cela aura-t-il pour chacun de nous ? Le fait que nous soyons là, nous, les non-juifs, nous qui ne sommes pas membres du Peuple élu, mais qui, par grâce avons été sauvés car aimés comme des vrais fils d’Israël et qui devons en faire autant pour tous les hommes.