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30 septembre

30 septembre 2024.

Lundi de la 26ème Semaine du Temps Ordinaire

Lc 9, 46-50

Une discussion

Il nous faut rappeler le contexte. La guérison de l’enfant possédé (9,37-45) suscita l’admiration des foules et des disciples devant la grandeur de Dieu. Jésus, pourtant, rappelait à cette occasion la passion inévitable du Fils de l’homme, qui révélera la véritable grandeur de Dieu. Mais cet abaissement ne concernait que lui.

Ainsi, les disciples ne semblent pas saisir que ce dénuement, cette petitesse, les concerne tout autant. Ils débattent pour savoir qui est le plus grand. Jésus leur donne pour seul critère la petitesse d’un enfant. Le récit peut faire écho à des désirs de grandeur et de pouvoir qui pouvaient animer les communautés chrétiennes et leurs responsables.

 

Le plus petit d’entre vous

L’enfant, en ce premier siècle, n’a pas le statut qu’on lui connaît aujourd’hui. Il représente, certes, l’avenir et la descendance, mais aussi la fragilité et la faiblesse. Il s’oppose à l’adulte, fort, responsable, capable de sagesse, de discernement, etc. L’enfant n’a rien à faire dans les histoires et les affaires des grands. Il doit grandir pour être à la hauteur. Avec l’enfant, c’est aussi la population fragile, pauvre, dépendante, malade -ceux et celles qui ne pourront jamais être à la hauteur en raison de leur statut social ou de leur fragilité.

Or ici, l’enfant, le petit, est celui qui donné en exemple aux disciples. Ce qui est une véritable provocation à cette époque. On se mesure ou on se compare aux grands, jamais aux petits.

 

Une place d’honneur

Pourtant, Jésus offre à ce dernier la place d’honneur : il le plaça à côté de lui. Sa présence rend compte, du souci des plus petits. Les disciples sont invités, non pas à savoir qui est le plus grand parmi eux, mais à regarder et se soucier de celui qui est le plus petit à leurs côtés : Celui qui accueille en mon nom cet enfant, il m’accueille, moi. Agir ainsi, c’est agir en son nom, en véritable disciple et serviteur. Car c’est aux côtés des plus petits que le Christ se range.

L’image de l’enfant devient même celle du Fils de l’homme. Accueillir le Christ c’est accepter cette humilité et cette fragilité incarnées qui manifesteront la grandeur de celui qui l’a envoyé. Le disciple doit se faire lui-même petit, accepter de revêtir l’humilité et la pauvreté de son maître.

Le discours vise non seulement chacun des disciples mais, plus essentiellement, la vie de la communauté qui ne peut souffrir des ambitions de grandeur.

Qui n’est pas contre vous

A la comparaison et l’ambition interne à la communauté, succède une question sur la concurrence et la légitimité dans l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’interrogation provient justement d’un des Douze, d’autant plus légitime qu’il fait partie des premiers disciples (5,1-11) et qu’il fut présent, toujours avec Pierre et Jacques, lors du retour à la vie de la fille de Jaïre (8,36-50) et lors la Transfiguration (9,28-36).

C’est au nom de cette autorité, pensée comme seule légitime, que fut empêché celui qui, concurremment, agit au nom du Christ. Le critère définit par Jean est celui de l’appartenance à ce groupe de premiers disciples, qui ont marché à la suite de Jésus.

Là encore, la situation vise, surtout, celle de l’Église au temps de Luc, où les communautés se multiplient, certaines nées des premiers témoins (Pierre, Jacques, Jean…) et d’autres d’individus qui ne se réclament pas de ces derniers et n’ont pas connu Jésus, de leur vivant. Telle était la situation de Paul, et de ses églises, qui subissait ce genre de reproches. La réponse de Jésus est sans équivoque : ne l’empêchez pas.

 

En ton nom

Deux critères nouveaux apparaissent et se substituent à celui d’avoir marché à sa suite, et le complètent.

Le récit définit le disciple comme celui qui ne s’oppose pas à la communauté première ou à ceux qui continuent de marcher à sa suite : qui n’est pas contre vous est pour vous. Mais sans doute, que le premier critère fut déjà donné par Jean. Le disciple est d’abord celui qui agit, non de lui-même ou pour lui-même, ni pour servir ses ambitions. Le disciple est celui qui agit, au nom du Christ, c’est-à-dire qui se soumet à son autorité, à la manière d’un enfant. Car il nous faut entendre, à la suite, les deux passages.  L’homme empêché est paradoxalement celui qui agit pour délivrer, pour expulser les démons. Pour autant, son action est faite en ton nom, c’est-à-dire au nom du Christ. Luc ne fait pas référence à une formule d’imprécation pour quelques exorcismes. Le nom de Jésus renvoie à une profession de foi au Fils de l’homme.

La qualité du disciple est ainsi liée à l’agir en son nom, définit plus haut avec l’humilité et l’accueil des petits. 

Lc 9,48 : Celui qui accueille en mon nom cet enfant, il m’accueille, moi. 

De même marcher à la suite de Jésus, en son nom, implique l’accueil, en tant que disciple, du mystère de sa passion.