31 janvier 2025.
Saint Jean Bosco
L’éducation, une affaire de cœur
Par saint Jean Bosco
Avant tout, si nous voulons nous montrer les amis du vrai bien de nos élèves et les amener à faire leur devoir, nous ne devons jamais oublier que nous représentons les parents de cette chère jeunesse qui fut toujours le tendre sujet de mes occupations, de mes études, de mon ministère sacerdotal, et de notre congrégation salésienne.
Si donc vous êtes des pères pour vos élèves, il faut que vous en ayez aussi le cœur. Que de fois, mes chers fils, dans ma longue carrière, j’ai dû me persuader de cette grande vérité ! Il est toujours plus facile de s’irriter que de patienter, de menacer un enfant, que de le persuader. Je dirai même qu’il est plus facile, pour notre impatience et pour notre orgueil, de châtier les récalcitrants que de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur.
Je vous recommande la charité que saint Paul employait envers les nouveaux convertis à la religion du Seigneur, et qui le faisait souvent pleurer et supplier quand il les voyait peu dociles et répondant mal à son zèle. Écartez tout ce qui pourrait faire croire qu’on agit sous l’effet de la passion. Quand on punit, il est difficile de conserver le calme nécessaire pour qu’on ne s’imagine pas que nous agissons pour montrer notre autorité ou pour décharger notre emportement. Les maladies de l’âme demandent à être traitées avec un soin tout aussi grand que celles du corps. Rien n’est plus dangereux qu’un remède donné mal à propos et à contretemps. Un sage médecin attend que le malade soit en condition de supporter le remède et il guette le moment favorable. Ce moment, nous pouvons le connaître uniquement grâce à l’expérience que vient parfaire la bonté du cœur. Avant tout attendez que vous soyez maîtres de vous-mêmes, ne donnez pas l’impression que vous agissez par mauvaise humeur ou par irritation : vous perdriez alors toute autorité.
Considérons comme nos enfants, ceux sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Mettons-nous à leur service, comme Jésus qui est venu pour obéir non pour commander. Redoutons ce qui pourrait nous donner l’air de vouloir dominer, et ne les dominons que pour mieux les servir. C’est ainsi que Jésus se comportait avec ses Apôtres, en supportant leur ignorance, leur rudesse et même leur manque de foi. Il traitait les pécheurs avec gentillesse et familiarité, au point de susciter chez les uns l’étonnement, chez d’autres le scandale, et chez beaucoup l’espoir d’obtenir le pardon de Dieu. C’est pourquoi il nous a dit d’apprendre de lui à être doux et humbles de cœur.
Puisqu’ils sont nos enfants, éloignons toute colère, quand nous devons corriger leurs manquements. Dans les cas très graves, il vaut mieux vous recommander à Dieu, lui adresser un acte d’humilité, que de vous laisser aller à un ouragan de paroles qui ne font que du mal à ceux qui les entendent, et d’autre part ne procurent aucun profit à ceux qui les méritent. Ayons de la compassion pour le présent, de l’espérance pour l’avenir : alors vous serez de vrais pères, et vous accomplirez un véritable amendement. Souvenez-vous que l’éducation est une affaire de cœur et que Dieu seul en est le maître ; nous ne pourrons réussir que si Dieu nous en apprend l’art et s’il nous en donne les clefs.