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27 janvier

27 janvier 2025.

Commentaire RB 61, 5-14

5 Si le moine étranger veut rester pour toujours dans la communauté, on ne s’opposera pas à cette demande. En effet, pendant son séjour dans la maison des hôtes, on a pu voir sa façon de vivre.

6 Mais si, pendant ce temps, il s’est montré exigeant, ou si sa conduite a été mauvaise, on ne doit pas l’unir au corps du monastère.

7 On lui dira plutôt, mais poliment, de s’en aller, pour que sa mauvaise conduite ne fasse pas de mal aux autres.

8 Au contraire, quand il ne mérite pas qu’on le mette dehors, on le reçoit s’il le demande ;

9 ou mieux, on lui conseille fortement de rester et on le fait entrer dans la communauté, pour que les autres apprennent quelque chose par son exemple.

10 En effet, partout on sert le même Seigneur, on combat sous les ordres du même Roi.

11 Et même, quand l’abbé voit que ce moine le mérite, il peut le mettre à un rang un peu plus élevé que celui de son entrée.

12 Et l’abbé peut faire cela non seulement pour un moine, mais aussi pour un prêtre ou pour un clerc, s’il juge que leur conduite le mérite.

Nous l’avons déjà dit plus haut.

13 Pourtant, l’abbé fera bien attention : il ne gardera jamais longtemps un moine d’un autre monastère connu, sans l’accord de son abbé ou sans une lettre de recommandation.

14 Car la Bible dit : « Ne fais pas aux autres le mal que tu ne veux pas pour toi » (Tobie 4, 15).

« En tout lieu, on sert le même Seigneur, on est au service du même roi » : il est intéressant de voir que Benoît ici ne considère l’éventuelle admission d’un moine étranger que du point de vue de la communauté qui accueille.

Même s’il a le soin de recommander à l’abbé de parler avec le supérieur du monastère d’origine du moine, Benoît ne considère pas le désir du moine étranger comme la priorité des choses.

Que signifie ce désir d’aller dans une autre communauté ? Quels en sont les mobiles ? 

En facilitant l’intégration d’un moine étranger, Benoît ne passe-t-il pas un peu vite sur l’enjeu spirituel de ce changement vécu par le moine lui-même ? En d’autres termes, s’agit-il de la part du moine d’une fuite inavouée ou bien d’une vraie recherche spirituelle. ?

Ici l’argument « en tout lieu, on sert le même Seigneur, on est au service du même roi » peut se retourner et devenir une tentation pour le moine lui-même !

Ainsi Evagre présente-t-il en des termes analogues la tentation qui peut arracher un moine à la stabilité de sa cellule. Le moine éprouvé par la tentation de l’acédie ou du dégoût spirituel en vient à « désirer d’autres lieux, où il pourra trouver facilement ce dont il a besoin, et exercer un métier moins pénible et qui rapporte davantage ».

Comme Benoît ici, Evagre en vient à penser finalement que « plaire au Seigneur n’est pas une affaire de lieu : partout en effet est-il dit, la divinité peut être adorée ». (Evagre, Traité pratique 12).

On le voit, l’argument de servir le Seigneur en tout lieu, car on peut lui plaire en tout lieu est à double tranchant. Il ne peut être utilisé qu’avec discernement, car le service de Dieu s’il est possible en tout lieu ne portera vraiment du fruit, qu’à travers l’épreuve du temps, en un lieu déterminé.

Et la tentation consistera toujours à nous pousser à chercher ailleurs pour nous éviter la confrontation avec le réel. Or, le réel, c’est ici et maintenant.