26 février 2025.
Commentaire RB 73, 1-9 (suite)
1 Voici pourquoi nous avons écrit cette Règle : en la pratiquant dans les monastères, nous montrons, au moins un petit peu, que notre conduite est droite, et que nous commençons à mener une vie religieuse.
2 Mais pour celui qui est pressé de mener parfaitement cette vie, il y a encore les enseignements des saints Pères. Si on les pratique, ils conduisent au sommet de la vie parfaite.
3 En effet, dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, est-ce que chaque page, chaque parole qui vient de Dieu lui-même, n’est pas une règle très sûre pour guider la vie des hommes ?
4 Il y a aussi tous les livres des saints Pères catholiques : est-ce qu’ils ne parlent pas clairement de ce que nous devons faire pour courir tout droit vers notre Créateur ?
5 Puis nous avons les Conférences des Pères, leurs Institutions, leurs Vies, et aussi la Règle de notre saint Père Basile.
6 Est-ce que, dans ces livres, on ne trouve pas les outils spirituels pour des moines obéissants et de sainte vie ?
7 Mais nous, qui manquons de courage, qui vivons mal et qui sommes négligents, nous devons avoir honte.
8 Donc toi, – c’est-à-dire tout homme qui se presse vers la patrie du ciel -, pratique jusqu’au bout, avec l’aide du Christ, cette toute petite Règle écrite pour des débutants.
9 Alors, avec la protection de Dieu, tu parviendras à ces sommets plus élevés d’enseignements et de vertus que nous venons de rappeler. Amen.
Cette fin de règle est touchante par son ton modeste. Benoit s’efface derrière d’autres enseignements, et surtout d’abord derrière l’autorité divine qu’il reconnait dans les Écritures.
Il voit la différence entre la règle qu’il a écrite « pour faire preuve d’une certaine décence morale et d’un commencement de vie religieuse » et les autres enseignements.
Ceux-ci sont présentés comme pouvant permettre assurément d’atteindre le but recherché : parvenir à notre Créateur, et mener une vie vraiment humaine.
Un mot revient deux fois ; c’est l’adjectif « rectus – droit ». Tout se passe comme si, aux yeux de Benoit, les Écritures offraient la norme vraiment sûre et directe. La norme droite par laquelle la vie humaine va pouvoir être vécue dans toute sa justesse et sa noblesse. Car, dans ces Écritures, chacun peut entendre la parole qui a Dieu pour auteur. De même les Saints Pères catholiques vont permettre de « courir tout droit » pour parvenir à notre Créateur. Pouvoir mener une vie droite et pouvoir courir tout droit vers le Créateur, telles sont les vertus que Benoit reconnait et trouve dans les Écritures et les écrits des Pères.
Par-là, il indique deux tuteurs solides et sûrs entre lesquelles la vie du moine pourra s’élancer et s’épanouir sans se perdre ou s’enliser. Ils offrent une garantie à toute épreuve. Que retenir pour nous aujourd’hui ? Qu’il y a une heureuse et féconde interaction entre la Rège de Benoit, les Écritures et les écrits des Pères monastiques. Tous nous instruisent en s’éclairant mutuellement.
Les Écritures se présentent comme la source de toute rencontre avec Dieu, par le Christ. Elles inspirent la Règle et les Écrits monastiques. Elles demeurent aussi pour chacun de nous, dans la lectio et la liturgie, le terreau quotidien dans lequel nous puisons, pour nourrir notre relation avec Dieu.
Les écrits des Pères nous livrent des témoignages précieux sur la manière d’avancer à la suite du Christ dans la vie monastique. Ils nous redisent le but cherché : nous unir au Christ dans la prière. Mais aussi les écueils à éviter et les lieux de vigilance intérieure à avoir. La Règle de Benoit offre un cadre de vie cénobitique plein d’équilibre et de sagesse. Sachons prendre appui sur ces trois tuteurs, Écritures, Règle et Pères, pour avancer droit et tout droit !
12 janvier