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26 août

26 août 2024.

Saint Césaire d’Arles

D’un Sermon de saint Césaire d’Arles sur la Charité

Si tu as la charité, tu as Dieu ; et si tu as Dieu, que ne possèdes-tu pas ? Le riche, s’il n’a pas la charité, que possède-t-il ? Le pauvre, s’il a la charité, que ne possède-t-il pas ? On croit peut-être qu’il est riche, celui dont le coffre est plein d’or, et qu’il n’est pas riche, celui dont la conscience est pleine de Dieu. Non, mes frères ; celui-là seul se voit vraiment riche en qui Dieu daigne habiter. Que pourras-tu en effet ignorer des Écritures, si c’est la charité, c’est-à-dire Dieu, qui a pris possession de toi-même ? Quelles bonnes œuvres ne pourras-tu accomplir, si tu as mérité de porter en ton cœur la source des bonnes œuvres ? Quel adversaire craindre, si tu as mérité d’avoir en toi Dieu lui-même comme roi ? Retenez donc bien et gardez, frères bien-aimés, le doux et salutaire lien de la charité. Mais, avant toutes choses, gardez la charité vraie, non celle que l’on promet seulement en paroles sans la conserver dans son cœur, mais celle qui s’exprime par notre bouche tout en étant sans cesse présente à notre cœur. De cette façon se réalisera en nous la parole de l’Apôtre : « Enracinés et fondés dans la charité » (Éph 3, 17) : dans la charité, il n’y a jamais rien de mal, inversement dans la cupidité on n’a jamais rien trouvé de bon.

Ces deux racines, frères bien-aimés, sont plantées dans deux champs différents par deux cultivateurs différents : l’une par le Christ dans le cœur des bons, l’autre par le diable dans le cœur des méchants. De la racine de la charité ne pousse rien de mauvais, pas plus que rien de bon ne vient de celle de la cupidité. Car la Vérité ne ment pas, elle qui, dans l’Évangile, à propos de ces deux racines, déclare catégoriquement : « Un bon arbre produit de bons fruits, un mauvais arbre en produit de mauvais » ; et aussi « Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, pas plus qu’un mauvais ne peut en produire de bons » (Mt 7, 17.18). Ce n’est pas moi qui le dis, mes frères, c’est le Seigneur. Donc, que votre charité soit si riche qu’elle s’étende non seulement à vos amis, mais jusqu’à vos ennemis ; il est vraiment le fils de l’Amour, celui qui, selon le précepte du Seigneur, aura aimé même ses ennemis. 


Mais maintenant que vous venez d’entendre la louange de la charité en même temps que la condamnation de la cupidité, que chacun réfléchisse et considère le champ de son cœur : celui qui reconnaîtra en lui-même la charité, qu’il se réjouisse, qu’il en garde avec toute la vigilance de son âme les saintes semences ; celui qui au contraire aura remarqué dans le champ de son cœur ne fût-ce qu’une petite racine de cupidité, avec l’aide du Christ, qu’il l’extirpe, pour y planter la charité. Car, tant qu’il n’aura pas voulu le faire, il ne pourra porter de bons fruits ; et comme il ne porte pas de bons fruits, le Seigneur dit de lui dans l’Évangile : « Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu » (Mt 7, 19). Si cela ne te plaît pas de donner des fruits exquis de charité, n’as-tu pas à craindre le feu avec le bois sec de tes péchés ? Oui, « tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu ». Tant que tu garderas la même racine, tu ne pourras donner des fruits normaux ; vainement tu promets le bien en paroles sans pouvoir le réaliser, aussi longtemps que la bonté n’est pas enracinée dans ton cœur. Ces deux racines donc, comme je l’ai dit, sont plantées par deux agriculteurs : l’une l’est par le Christ dans le cœur des fidèles, l’autre par le diable dans l’âme des superbes ; ainsi l’une est plantée au ciel, l’autre en enfer.