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25 décembre

25 décembre 2024.

Commentaire RB 48 (Introduction 5)

Au début de cette longue introduction au chapitre 48, j’annonçais que nous allions voir comment sont traités dans la Tradition monastique les trois thèmes essentiels de ce chapitre que sont : l’emploi du temps, la lecture (lectio) et le travail.

Nous avons vu l’emploi du temps, la Lectio et, plus largement la lecture, venons-en à présent au travail.

Depuis les origines, le travail fait partie des éléments fondamentaux du monachisme. Chez les Pères du Désert d’Égypte, sa première fonction est d’aider le moine à échapper à l’oisiveté et à l’acédie (la tristesse). Nous ne parlons pas assez aujourd’hui de ce rôle si important du travail dans la vie spirituelle. L’on pourrait dire qu’un moine qui ne travaille pas est un moine en danger qui risque de s’évader du réel et de sombrer, soit dans un faux mysticisme, soit d’être esclave de ses passions.

Gagner sa vie et subvenir à ses besoins est la seconde fonction, capitale bien-sûr, mais seconde par rapport à la première.

La troisième fonction du travail est de pouvoir aider les pauvres et les démunis qui viennent frapper au monastère. On connaît ce merveilleux apophtegme d’Abba Lucius : « Quand je reste toute une journée à travailler et à prier, je gagne plus ou moins six deniers. J’en dépose deux à la porte et je me nourris avec le reste. Et le pauvre qui prend les deux deniers prie à ma place pendant que je mange ou je dors, et ainsi, par la grâce de Dieu, j’accomplis le précepte de prier sans cesse » (Apopht. 446).

On peut donc résumer ainsi les trois fonctions du travail monastique : aider le moine à lutter contre ses vices, gagner sa vie et pratiquer la charité.

Pachôme a beaucoup développé la valeur du travail qui tient une place prépondérante dans ses textes.

Chez saint Martin, c’est tout le contraire, les moines ne travaillent pas et ce sont les chrétiens qui subviennent à leurs besoins et Cassien dira que le refus de travailler a été à la source du déclin du monachisme gaulois. L’importance du travail dans le monachisme de Lérins, dans le Sud de la Gaule, est le reflet de l’impact de Cassien.

Dans les Réponses de Basile, l’importance du travail est bien notifiée. Saint Augustin valorise le travail monastique et a même écrit un Traité à ce sujet, le De opore monachorum.

            Dans le monde romain de l’époque, le pauvre est celui qui travaille pour vivre. Être pauvre ne signifiait pas forcément ne pas avoir d’argent, mais être obligé de travailler et ne pas pouvoir rester dans l’oisiveté et vivre de ses rentes.

Si les moines veulent suivre le Christ pauvre, ils sont obligés de travailler de leurs mains et, ce faisant, ils optent pour un mode de vie simple.

            Ce choix de vie est étayé par le Nouveau Testament – les Apôtres travaillent de leurs mains et Paul dit sa fierté de travailler de ses mains. Dans ses écrits, Cassien s’appuie souvent sur ces textes du NT pour encourager les moines à travailler et pour développer une théologie du travail, une conception spirituelle et positive du travail.