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23 septembre

23 septembre 2024.

Commentaire de RB 22

1 Chacun a un lit pour dormir.

2 On donne aux frères ce qu’il faut pour la nuit, selon leur genre de vie et comme l’abbé l’a décidé.

3 Autant que possible, tous dorment dans un même lieu. Quand ils sont trop nombreux, ils dorment par groupes de 10 ou 20, avec les anciens qui prennent soin d’eux.

4 Dans ce dortoir, une lampe brûle toute la nuit jusqu’au matin.

5 Les frères dorment habillés, avec une ceinture ou une corde autour des reins. Quand ils sont couchés, ils n’auront pas de couteau à leur côté, pour ne pas se blesser en dormant.

6 Ainsi, les moines sont toujours prêts (Luc 12, 35-40), et quand on donne le signal, ils se lèvent sans retard. Et chacun se dépêche pour arriver le premier au Service de Dieu, mais tout de même avec sérieux et avec calme.

7 Les jeunes frères n’ont pas leur lit les uns près des autres, mais ils dorment au milieu des anciens.

8 Quand les moines se lèvent pour le Service de Dieu, ils s’encouragent doucement les uns les autres et ainsi ils enlèvent toute excuse aux dormeurs.

Ce chapitre montre l’importance de la vie communautaire pour Benoît. La tradition monastique est unanime sur ce point : chaque moine dispose d’une cellule. Benoît supprime les cellules et instaure le dortoir. En agissant de la sorte, Benoît va très loin dans la suppression de toute vie privée. Nous vivons ensemble, ce qui signifie que nous prions ensemble, que nous mangeons ensemble, que nous travaillons ensemble, que nous faisons la Lectio ensemble, et même que nous dormons ensemble.

Sur ce dernier point, il semble que la tradition monastique bénédictine n’ait pas retenu ce point de la Règle et que l’usage plus traditionnel de la cellule personnelle l’ait emporté sur la pratique du dortoir, ce qui montre bien la liberté des monastères par rapport à la Règle dont la lecture n’a jamais été fondamentaliste.

Aujourd’hui, s’il nous fallait renoncer à l’usage de nos cellules pour vivre en dortoir, nous aurions du mal, c’est pourtant la pratique du dortoir qui sera remise en valeur par les moines cisterciens au 11ème siècle avec la Réforme de saint Bernard et par les moines trappistes avec la Réforme de l’Abbé de Rancé au 16ème siècle. Les bénédictins ont toujours défendu l’usage de la cellule individuelle.

Et pourtant, que nous enseigne ce chapitre de la Règle ? Je retiendrai trois points :

  • Tout d’abord la présence de Dieu. Lorsque les frères sont rassemblés, symbolisée par « cette lampe qui brûle toute la nuit jusqu’au matin ». Que ce soit à l’Église, au réfectoire, au chapitre, lorsque nous sommes rassemblés, le Seigneur est là présent. C’est le mystère de notre communauté comme de toute communauté chrétienne qui s’appuie sur la Parole du Seigneur : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là, au milieu d’eux ». C’est là un grand mystère qui fait que nous ne sous réunissons jamais en Son absence, Il est là, par le fait même que nous sommes ensemble. C’est ce mystère qui fait que le moine ne se dérobe jamais aux rassemblements de sa communauté, car il croit qu’il va rencontrer son Seigneur.
  • L’entraide mutuelle. La communauté nous stimule, nous réveille (au sens propre comme au sens figuré). Pour être sauvé par le Christ, nous devons accepter d’être bousculés, réveillés de notre individualisme par nos frères, particulièrement par nos anciens ou par nos responsables. L’obéissance dans la vie communautaire ressemble à ce moine qui réveille son frère dans son sommeil, elle me dérange mais elle est salutaire pour moi ; elle me sort de moi-même pour m’ouvrir aux autres.
  • Rapidité, sérieux et calme. Lorsque Benoît invite les moines à faire vite leur toilette, à s’habiller rapidement pour arriver le plus vite possible, il demande à ce que cela se fasse dans le calme et avec sérieux. Le moine ne perd jamais son temps, car son temps c’est le contenu de sa vie et il l’a donné à Dieu ; cependant, parce qu’il sait qu’il va rencontrer son Dieu, il habille son cœur pour cette rencontre et il y va calmement. Chacun sait que son frère va rencontrer son Seigneur, c’est sérieux, ce n’est pas le moment de rire ou de plaisanter, mais plutôt d’être attentif dans le silence à la Présence de Celui qui nous a invité par le son de la cloche à venir le voir.