23 mars 2025.
3ème Dimanche de Carême
Lc 13, 1-9
Frères et sœurs, le choix des lectures de ce dimanche de Carême est d’inviter le peuple chrétien à méditer sur le thème de la conversion.
Reprenons donc chacun de ces textes sous cet angle.
Au début du livre de l’Exode, après sa jeunesse en Égypte, à la cour de Pharaon, et après un premier échec avec ses frères de race, Moïse devient berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madian.
Que sait-il alors de Dieu, sinon qu’il est le Dieu de son peuple Israël, Dieu des patriarches Abraham, Isaac et Jacob ? Un Dieu un peu lointain et distant dans l’espace et dans l’histoire, plus ou moins à l’image des autres dieux environnants.
La Révélation de ce Dieu lointain à l’Horeb, un jour ordinaire de pâturage, va marquer une étape capitale dans la Vie de Moïse. Sa représentation du Dieu auquel il croit depuis son enfance va être radicalement transformée : il est appelé à une totale conversion.
Dieu a pris l’initiative de venir à lui, de se manifester dans cette rencontre où Il révèle son Nom et où il dit quel est son projet envers lui, Moïse, et envers le peuple auquel il l’envoie.
Dieu n’est plus un dieu distant et indifférent à la souffrance des fils d’Israël. Au contraire il se fait proche, il va accompagner leur chemin de libération d’une terre d’esclavage vers une terre où ruissellent le lait et le miel.
Dieu d’une Promesse, Dieu de fidélité et de tendresse, et non pas Dieu terrible que l’on doit redouter. Il est Celui qui est et qui sera toujours « avec ».
Si nous écoutons ce texte de l’exode aujourd’hui, c’est bien parce que cette révélation faite à Moïse nous concerne tous et qu’elle nous invite à une conversion par rapport à notre représentation de Dieu.
En ces jours de Carême prenons le temps de nous interroger : qui est Dieu pour moi ? Est-il proche ou non de moi ?
Dans la seconde lecture, Saint Paul invite les chrétiens turbulents de Corinthe à se tourner vers le Christ. Le Christ est semblable à un Rocher tel celui préfiguré dans le livre de l’Exode, d’où l’eau rafraîchissante et pure a jailli quant Moïse l’a frappé de son bâton.
Comme les hébreux dans le désert qui avaient mangé la même nourriture et bu à la même source, les chrétiens de Corinthe doivent cesser de récriminer contre Dieu, cesser de désirer le mal, comme certains de leurs pères l’avaient fait, et avaient péri.
Cette histoire ancienne du peuple au désert doit servir d’exemple pour tous les baptisés qui voient arriver la fin des temps. Elle nous concerne nous aussi, chrétiens du XXI° siècle, dans nos efforts de conversion et de renonciation aux forces du mal qui nous détournent de Dieu. La situation de l’Église de Corinthe et les troubles qui l’agitaient au temps de Paul est-elle si différente de l’Église de notre temps, affrontée elle aussi à de multiples questions et problèmes ? La parole de Paul dans ces deux épitres aux Corinthiens est toujours d’actualité et il nous est bon de la réentendre en ce temps de Carême.
Enfin dans l’Évangile aussi, quand on lui rapporte deux faits divers : le massacre de galiléens par Pilate et la mort accidentelle de 18 personnes écrasées par la chute de la tour de Siloé à Jérusalem, Jésus reprend pareillement ses contemporains et les appelle à la conversion.
Jésus leur dit qu’il n’y a pas de lien direct entre ces malheurs et le péché de ceux qui en ont été victimes. Car tous, nous sommes pécheurs, tous nous avons à nous convertir.
Tous ces hommes qui sont morts n’étaient pas nous dit Jésus de plus grands pécheurs que les autres, pour la bonne raison que les malheurs ne sont pas la conséquence du péché.
Alors si Dieu nous laisse encore cette année à vivre, c’est un cadeau qu’il nous fait, profitons-en, portons des fruits avec cette vie et demandons à Dieu dans notre prière pour nous et pour tous les hommes que nous ne soyons pas soumis à la tentation, c’est-à-dire à des situations humaines où nous en viendrions à douter que Dieu est amour, que Dieu est notre Père…
La petite parabole du figuier dans la vigne en fournit une application pour le propriétaire. Lui aussi est appelé à convertir sa manière de voir, de juger la situation de sa plantation. Pour un rendement plus grand et plus immédiat, il veut couper un arbre qui est trop lent à porter du fruit et qui risque de nuire à la fertilité du sol.
Mais son vigneron a davantage que lui le sens du temps. Il exhorte son maître à la patience, à la confiance en l’avenir. Il espère un sursis, une nouvelle chance pour cet arbre apparemment stérile.
À travers la parabole, c’est l’image d’un Dieu patient, lent à la colère et plein d’amour qui est figurée ici. Et il est remarquable de voir combien un serviteur, un simple ouvrier de la vigne peut toucher son maître en l’appelant à réviser sa manière de voir les choses, en l’invitant à convertir son impatience et sa dureté, en patience et en douceur, à l’égard d’un être handicapé, inutile et sans fruit à ses yeux.
Bien sûr, ce texte s’adresse à nous aussi, frères et sœurs, car nous sommes si souvent tentés de juger notre prochain lorsqu’il ne marche pas à notre rythme ou qu’il ne partage pas notre manière de voir. Aurons-nous la charité et la patience de laisser du temps au temps ? Le Carême est bien l’occasion favorable de nous repositionner, de nous resituer face à Dieu, face aux autres et face à nous-mêmes.
Et, en conclusion, je laisserai la parole à l’apôtre Saint Pierre qui nous dit dans sa seconde Épître : « Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa Promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Mais il fait preuve de patience envers nous, en ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion. » (2Pi 3, 9)
15 mars