3ème Dimanche de Carême
Année C
Lc 13, 1-9
Le figuier stérile
D’un Sermon de saint Augustin
À propos du figuier qui était planté depuis trois ans sans porter de fruit, voici ce que m’inspire le Seigneur.
Le figuier désigne le genre humain, et ses trois ans, les trois époques de l’humanité : avant la loi, sous la loi et sous la grâce. Il n’est pas étrange de voir le genre humain dans ce figuier. Le premier homme, après son péché, ne voilà-t-il pas sous des feuilles de figuier les membres de la génération ? Honorables avant le péché, c’est depuis seulement que ces membres sont devenus les membres honteux. Auparavant encore nos premiers parents étaient nus et ils n’en rougissaient pas. Pourquoi auraient-ils rougi, puisqu’ils étaient sans péché ? Pouvaient-ils rougir des œuvres de leur Créateur, quand ils n’en avaient altéré la pureté par aucune action mauvaise, n’ayant point encore touché l’arbre de la science du bien et du mal, où Dieu leur avait interdit de porter la main ? Ce fut seulement après qu’ils eurent péché en mangeant de ce fruit, qu’ils donnèrent naissance au genre humain et que l’homme naquit de l’homme, le débiteur d’un débiteur, le mortel d’un mortel, le pécheur d’un pécheur.
Ainsi le figuier stérile désigne parfaitement ceux d’entre les hommes qui ont refusé constamment de porter des fruits et qui pour ce motif sont menacés, comme l’étaient de la cognée les racines de cet arbre ingrat : Le jardinier intercède, et pour employer un moyen efficace l’exécution est ajournée.
Ce jardinier rappelle tous les saints qui prient dans l’Église pour tous ceux qui sont hors de l’Église. Mais que demandent-ils ? « Seigneur, laissez-le cette année encore » c’est-à-dire, durant cette époque de grâce, épargnez les pécheurs, épargnez les infidèles, épargnez les âmes stériles, épargnez les cœurs infructueux.
« Je creuse autour de lui et j’y mets une charge de fumier. S’il en profite, c’est bien ; sinon, vous viendrez et l’abattrez. »
« Vous viendrez quand ? A l’époque du jugement, quand vous viendrez juger les vivants et les morts. On l’épargne donc provisoirement.
Que signifie cette fosse creusée autour de l’arbre, sinon l’exhortation à l’humilité et à la pénitence ? La fosse en effet est une terre abaissée. Il faut prendre en bonne part la charge de fumier. Le fumier est sale, mais il donne du fruit ; il rappelle ainsi la douleur du pécheur ; car faire pénitence, la faire avec intelligence et sincérité, c’est la faire dans l’ignominie. A cet arbre mystérieux il est donc dit : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche. (Mt 3, 2) »
Sermon 109 (https://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/gls.htm#fr)