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23 janvier

Jeudi de la 2ème Semaine du TO

Mc 3, 7-12

En souffrance

Méditation du Père François Bessonnet

On connaît ce phénomène aujourd’hui quand une star, qu’elle soit actrice, chanteuse ou pape, se risque dans un endroit public : cela devient parfois l’hystérie. Y aurait-il ici une recherche fanatique de miraculeux ou de merveilleux, voire de superstitions ? Marc nous l’a déjà démontré : Jésus n’est pas un guérisseur, un faiseur de miracles. Du moins il ne se comporte pas comme tel. Ici sont décrits deux mouvements : celui de Jésus qui prend ses distances et celui de la foule qui l’oppresse et se jette sur lui.

Ne condamnons pas trop vite cette foule. Marc précise que ceux et celles qui l’écrasent souffrent le supplice. Les traductions habituelles préfèrent les mots malinfirmitémaladie, sans doute plus réalistes mais trop faibles pour traduire le mot grec. Car l’évangéliste emploie ici un terme qui désigne ailleurs un coup de fouet (Na 3,2), un supplice (Is 50,6). Ce ne sont pas de simples malades qui se jettent sur lui, mais des gens oppressés par le mal et l’injustice. En Jésus, ils jettent à la fois leurs espoirs et leurs dernières forces. Ils le reconnaissent comme l’homme pouvant les sauver, un homme saint, venant de Dieu. Alors pourquoi prendre de la distance sur cette petite barque ?

Face à ce saint homme, ce Fils de l’homme, le réflexe, la réaction instinctive de la foule en souffrance consiste logiquement à toucher Celui que Dieu envoie, pour contracter une part de sa force et de sa sainteté. Mais ce geste pourrait devenir un privilège pour ceux qui ont réussi, reléguant les autres à leur drame. Jésus ne fuit pas la foule, ni ne refuse les guérisons. Cependant, il met une saine distance qui évite la bousculade et la concurrence. Il n’agit pas dans son intérêt seul mais pour le bien de tous.

En prenant de la distance, Jésus montre qu’il n’est nullement nécessaire de le toucher pour guérir. L’écouter est encore plus salutaire. Cet espace évite toute mainmise sur sa personne. En effet, toucher s’apparente à un désir de s’emparer d’une chose, d’un être ou du moins de l’insérer dans son champ personnel, sa propriété. Or Jésus ne se laisse pas accaparer comme le montre la suite de ce récit. Il est, et demeura chez Marc, insaisissable.

Et puis, on les aurait presque oubliés, il y a les disciples qui eux aussi sont acteurs de cette scène. Car derrière ce texte, nous pouvons observer trois comportements. Celui des oppressés qui espèrent pouvoir toucher Jésus. Celui des esprits impurs qui veulent disposer de Jésus – ces deux catégories se jetant sur lui. Et celui des disciples qui, telle cette petite barque, sont à disposition, un peu à distance, tout en étant proches, petits, mais au service de ce Seigneur qui échappera à leur propre compréhension et qu’ils continueront à suivre.