20 janvier 2025.
Lundi de la 2ème Semaine du Temps Ordinaire
Mc 2, 18-22
Une controverse sur le jeûne
Méditation du Père François Bessonnet
Alors que Jésus ripaille avec les collecteurs d’impôts, les pieux pharisiens et les disciples ascétiques de Jean jeûnent. Le contraste est fort et sans doute à dessein. Que ces publicains et pécheurs reviennent à la foi, soit ! Mais n’y a-t-il pas une attitude plus religieuse à avoir, plus fidèle à la Loi, surtout au regard de leur ancien état ?
La question est insidieuse. Car derrière les disciples, n’est-ce pas le maître qui est à blâmer ? Jean le baptiste fut un homme religieux, ascète se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage (1,6), appelant à la conversion. Les pharisiens, pieux hommes, sont réputés pour leur exigence en matière de fidélité à la Loi, de pureté, de piété… Mais Jésus ? Si ce maître annonce l’avènement du règne, n’est-ce pas alors le moment, pour ses nouveaux disciples, de se confondre en regrets et vivre une repentance ? Le repas, certes… mais le jeûne ne serait-il pas plus approprié en cette occasion ?
Les disciples de Jésus, ainsi attablés, sont-ils de pieux membres du Peuple de Dieu ? Et leur maître ? Que leur enseigne-t-il ? De manger et de boire, plutôt que de s’associer au jeûne des baptistes et des pharisiens ? Aurait-il oublié que l’attitude humble, pénitente, peut gagner la miséricorde de Dieu, à l’image de l’enseignement du baptiste et de la piété des pharisiens ?
Or, Jésus est l’Époux divin et ceux qui le suivent sont, littéralement, les fils de la salle des noces, salle où se tiennent les plus proches et amis intimes des époux. La présence de Jésus à ses disciples est la présence même de Dieu.
Jésus se présente ici comme cette réelle nouveauté. Il est la Nouveauté de Dieu qu’espérait Isaïe envers Celui qui fait toutes choses nouvelles. Et cet inédit implique un changement radical, de nouvelles outres pour un nouveau vin, pour une conversion inouïe. Ce temps inouï commence, temps des noces, du repas eschatologique, appelant les invités, revêtus de leurs vêtements neufs, à boire ce vin nouveau.