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14 mai

14 mai 2025.

Saint Matthias, fête

Jn 15, 9-17

D’une Homélie de saint John-Henri Newman

Le choix de Matthias

Aujourd’hui nous célébrons le seul saint dont la fête suscite un mélange de joie et de tristesse. Elle rappelle en même temps la chute d’un apôtre et le choix d’un autre. Saint Matthias a été choisi pour remplacer le traître Judas.

Voici la réflexion qui surgit à l’esprit si l’on considère le choix de saint Matthias : il est facile à Dieu d’accomplir ses desseins sans nous, en nous remplaçant par d’autres si nous lui désobéissons. Il arrive souvent qu’à bénéficier de la faveur divine depuis longtemps on devienne trop assuré et présomptueux. On tient alors le salut pour certain, et l’on imagine nécessaire à Dieu le service qu’il a accepté dans sa grâce.

Peu de temps avant la chute et la trahison de Judas, le Christ a donné sa bénédiction aux douze apôtres, y compris, semble-t-il, Judas lui-même. « Vous qui m’avez suivi, dans la régénération, quand le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël ». Qui n’eût dit, d’après cette seule promesse, que Judas était assuré d’avoir la vie éternelle ? Les douze apôtres sans exception, si l’on s’en tient à la lettre des paroles du Christ, semblaient appelés à la vie éternelle ; et pourtant, quelques mois plus tard, Matthias était en possession du trône et de la couronne de l’un d’entre eux.

Il faut aussi remarquer le fait que notre Seigneur se soit astreint à garder le chiffre douze, même après la chute d’un d’entre eux. Peut-être est-ce là une allusion symbolique à l’ampleur de ses décrets, que nous ne pouvons complètement saisir. Certes, si telle avait été sa volonté, onze apôtres auraient servi son dessein autant que douze. Pourquoi donc fallait-il après la chute de l’un compléter le chiffre avec exactitude ? Pourquoi, sinon pour nous montrer qu’il a pu trouver des apôtres de rechange pour souffrir pour lui, ou bien mieux, des serviteurs pour occuper les places inférieures, si nous étions défaillants au point de transgresser sa sainte et stricte loi ?

Sermons paroissiaux, T. 2, p. 110-113