2 mars 2025.
Commentaire RB Prologue 6-8
6 Oui, les dons qu’il a mis en nous, nous devons toujours nous en servir pour lui obéir. Sinon, il sera comme un père en colère qui punit ses enfants et il nous enlèvera notre héritage.
7 Et même, si nous refusons de le suivre jusqu’à la gloire, il sera comme un maître terrible qui se fâche à cause de nos fautes. Et il nous condamnera à une punition sans fin comme des serviteurs très mauvais.
8 Levons-nous donc enfin une bonne fois ! La Bible nous réveille en disant : « C’est le moment de sortir du sommeil » (Romains 13, 11).
« L’heure est venue de nous lever (de sortir) du sommeil ». C’est la première citation biblique de la Règle, elle est empruntée à saint Paul en Ro 13, 11.
Saint Paul, au chapitre 13, comme Benoît dans le début du Prologue, parle de l’obéissance. Saint Paul parle tout d’abord de l’obéissance naturelle, celle que l’on doit aux autorités légitimes, puis il donne la liste du Décalogue qu’il résume, comme le fait Jésus dans l’Évangile, par l’amour : « ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. »
Aussitôt après, il dit : « Vous le savez : c’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. »
Pour saint Paul, la vraie obéissance, c’est donc une affaire d’amour, ce n’est pas une affaire de loi, de soumission, d’esclavage, c’est un chemin qui accomplit tous les commandements, mais aussi qui dépasse toutes les lois.
La Loi, l’on sait où elle commence et l’on sait où elle finit, l’obéissance, elle, est infinie !
Benoît, de son côté, dans le verset 6, parle de l’homme qui obéit avec les dons que Dieu a mis en lui et ensuite de l’homme désobéissant qui voit Dieu comme un Seigneur redoutable qui se met en colère et qui livre au châtiment éternel.
En résumé, celui qui voit Dieu comme celui qui est bon et qui a reçu de lui des dons est capable obéir ; celui qui voit Dieu comme un juge qui fait peur est incapable d’obéir…
Aussitôt après, Benoît place le verset saint Paul : « L’heure est venue de nous lever (de sortir) du sommeil », verset 8 du Prologue.
Saint Benoît, comme saint Paul avant lui, associe donc l’obéissance à une affaire d’amour. Benoît parle de la désobéissance comme la conséquence d’une fausse image de Dieu.
Il est temps de se réveiller, il est temps de comprendre que Dieu est un Père et non pas un tyran… c’est tout le sens de la citation de saint Paul, placée ici dans le Prologue.
Je veux être moine, je veux apprendre à écouter, c’est-à-dire à obéir… Ce n’est pas facile car mon cœur, mes représentations de Dieu, mes représentations de l’autorité, me font peur… Je cherche plutôt à me cacher, à sauver ma peau qu’à obéir. Je suis alors comme un inconscient et je vis dans l’imaginaire, dans l’obscurité, dans la peur.
« L’heure est venue de nous lever (de sortir) du sommeil », c’est-à-dire, l’heure est venue d’aimer jusqu’à faire confiance à Dieu, aux médiations de Dieu, car l’heure est venue d’arrêter notre imaginaire, nos peurs et de comprendre enfin que nous sommes des êtres aimés et que rien ni personne ne pourra nous enlever cet amour… alors l’obéissance devient possible.
Commentaire Règle de saint Benoît 1,3-5