1 octobre 2024.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
J’ai trouvé ma vocation, c’est l’amour.
Texte de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
A l’oraison… j’ouvris les épîtres de saint Paul… Les chapitres 12 et 13 de la première épître aux Corinthiens me tombèrent sous les yeux… J’y lus, dans le premier, que tous ne peuvent pas être apôtres, prophètes, docteurs… que l’Église est composée de différents membres et que l’œil ne saurait être en même temps la main. La réponse était claire, mais ne comblait pas mes désirs, elle ne me donnait pas la paix (…)
Sans me décourager, je continuais ma lecture et cette phrase me soulagea : Recherchez avec ardeur les dons les plus parfaits, mais je vais vous montrer une voie plus excellente. Et l’Apôtre explique comment tous les dons parfaits ne sont rien sans l’Amour… que la charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu.
Enfin, j’avais trouvé le repos : considérant le corps mystique de l’Église je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par saint Paul, ou plutôt, je voulais me reconnaître en tous… La charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un cœur et que ce cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les martyrs refuseraient de verser leur sang. Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot qu’il est éternel.
Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écrié : Ô Jésus, mon amour, ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour. Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… Dans le cœur de l’Église, je serai l’amour, ainsi je serai tout, ainsi mon rêve sera réalisé. Pourquoi parler d’une joie délirante ? Non, cette expression n’est pas juste, c’est plutôt la paix calme et sereine du navigateur apercevant le phare qui doit le conduire au port. Ô Jésus, je sais que l’amour ne se paie que par l’amour, aussi, j’ai cherché et j’ai trouvé le moyen de soulager mon cœur en te rendant amour pour amour.
A Sœur Marie du Sacré Cœur, Manuscrits autobiographiques, Lisieux, 1957, p.228-230.