1 mars 2025.
Mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie
Marie, notre Mère
Par le Père Olivier Clément
Dieu, le Père, que la Bible dit avoir des « entrailles de miséricorde », engendre de toute éternité son Fils dans l’amour, pour que lui, et nous, demeurions dans cet amour. Jésus parle souvent de cette « demeure », et le Prologue de Jean évoque « le sein du Père ».
Or dans l’humanité à l’image de Dieu, cette capacité d’accueillir et de faire demeurer dans l’amour apparaît commue le charisme majeur du féminin. Paul Evdokimov l’a souligné : à la paternité divine correspond, dans l’humain, la maternité de la femme, maternité non pas simplement biologique ‑ le biologique ici, est symbole ‑, mais fondamentalement spirituelle. Et donc d’abord la maternité virginale de Marie.
(…) Marie a donné son humanité pour qu’elle devienne celle du Christ. Et l’humanité du Christ n’est pas seulement celle d’une individualité historique ; c’est l’humanité toute entière assumée par une Personne divine. Donc une humanité qui nous englobe tous. C’est pourquoi, dans le Christ, Marie est notre Mère dans un sens inséparablement charnel et spirituel, puisque, comme le dit saint Paul, nous sommes, au sens le plus réaliste, « consanguins », « incorporés » à l’humanité de son Fils. La Vierge est celle qui intercède pour nous, « maintenant comme à l’heure de notre mort ». « Montre ton amour pour l’homme, ô Miséricordieux ! Écoute celle qui t’a enfanté, la Mère de Dieu qui prie pour nous ! »
Certes la miséricorde de la mère est inséparable de celle de son Fils. Au pied de la croix, avec Jean, première Église, elle contemple silencieusement son enfant crucifié qui est aussi Dieu crucifié par folie d’amour pour nous. Mais elle est comme la Médiatrice toute humaine, toute féminine, du Médiateur divino-humain. Elle exprime avec une intensité sans égale, la dimension féminine de cette miséricorde, de cette Passion, par compassion libératrice à notre égard.