1 avril 2025.
Mardi 4ème semaine de Carême.
Jn 5,1-16.
Je n’ai personne.
D’une homélie de saint Cyrille de Tourov.
(…) Le Seigneur vint à la piscine des brebis et il vit un homme paralysé, gisant depuis longtemps sur une civière dans son infirmité, et il l’interrogea en ces termes : Veux-tu recouvrer la santé ? – Certes ! dit-il, je le voudrais bien, mais je n’ai pas d’homme qui me jetterait dans la piscine après que l’ange l’ait agitée. Mais puisque tu m’as interrogé sur ma santé, Maître, alors écoute avec bonté ma réponse pour que je t’avoue le malheur de ma maladie.
Voici trente-huit ans que je suis étendu, cloué par l’infirmité sur cette civière, mes péchés ont paralysé tous les membres de mon corps (…). Je suis mort parmi les vivants et vivant parmi les morts : ainsi qu’un vivant je me nourris, et comme un mort je ne bouge pas (…). Je n’ai pas de ressources à donner à une seule personne qui pourrait m’aider, je n’ai personne pour m’aider, à tous j’inspire du dégoût. Je n’ai personne.
Lorsqu’il eut entendu le paralytique, notre bon médecin, le Seigneur Jésus-Christ, lui répondit : comment peux-tu dire : je n’ai personne ? Pour l’amour de toi, moi, généreux et miséricordieux, je me suis fait homme, je n’ai point trahi la promesse de mon incarnation. Tu as bien entendu la parole du prophète : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et c’est lui qui portera nos souffrances et nos maladies. Pour l’amour de toi, j’ai laissé le sceptre du royaume d’en haut et je passe, serviteur de ceux d’en bas : car je ne suis pas venu pour qu’on me serve, mais pour servir. Pour l’amour de toi, moi qui n’étais point charnel, j’ai revêtu la chair, afin de guérir toutes les maladies corporelles et spirituelles. Pour l’amour de toi, invisible aux forces angéliques, je me suis montré à tous les hommes. Car je ne saurais mépriser mon image qui gît dans la corruption ; je veux au contraire la sauver et la conduire à l’intelligence véritable. Et tu dis : je n’ai personne ! Je suis devenu homme pour faire de l’homme un Dieu (…) Je suis le lac vivifiant et voici que de mes lèvres je fais couler sur toi la source paradisiaque, alors que tu voudrais boire à la piscine des brebis, qui sera bientôt à sec.
Lève-toi, prends ton grabat, afin qu’Adam m’entende et qu’il soit aujourd’hui régénéré avec toi de la corruption. En toi, je guéris la malédiction encourue par Eve pour la transgression première… A toi, aujourd’hui, je dis : lève-toi, prends ton grabat et va dans ta maison.
Et aussitôt, le paralytique bondit de son grabat, sain dans tous les membres de son corps et plein de vigueur, et saisissant la civière qui l’avait porté, il marchait au milieu de la foule.
In Lectionnaire d’En Calcat, 14 mars 1972.