19 mars 2025.
Solennité de saint Joseph
Cet homme caché avec Jésus-Christ
D’un discours de Bossuet
Entre toutes les vocations, j’en remarque deux, dans les Écritures, qui semblent directement opposées : la première, celle des apôtres, la seconde, celle de Joseph (…).
Les divins apôtres prêchent si hautement l’Évangile, que le bruit de leur prédication retentit jusqu’au ciel : et saint Paul a bien osé dire que les conseils de la sagesse divine sont venus à la connaissance des célestes puissances par l’Église, dit cet apôtre, et par le ministère des prédicateurs ; et Joseph au contraire entendant parler des merveilles de Jésus-Christ, il écoute, il admire et se tait.
Que veut dire cette différence ? Dieu est-il contraire à lui-même dans ces vocations opposées ? Non, fidèles, ne le croyez pas : toute cette diversité tend à enseigner aux enfants de Dieu cette vérité importante, que toute la perfection chrétienne ne consiste qu’à se soumettre à la volonté de Dieu. Celui qui glorifie les apôtres par l’honneur de la prédication, glorifie aussi saint Joseph par l’humilité du silence ; et par là nous devons apprendre que la gloire des chrétiens n’est pas dans les emplois éclatants, mais à faire ce que Dieu veut.
Si tous ne peuvent pas avoir l’honneur de prêcher Jésus-Christ, tous peuvent avoir l’honneur de lui obéir, et c’est la gloire de saint Joseph, c’est le solide honneur du christianisme. Ne me demandez donc pas, chrétiens, ce que faisait saint Joseph dans sa vie cachée ; il est impossible que je vous l’apprenne (…).
Le juste, qu’a-t-il fait ? Il n’a rien fait pour les yeux des hommes, parce qu’il a tout fait pour les yeux de Dieu. C’est ainsi que vivait le juste Joseph. Il voyait Jésus-Christ et il se taisait : il le goûtait et il n’en parlait pas ; il se contentait de Dieu seul, sans partager sa gloire avec les hommes.
In Lectionnaire d’En Calcat, le 19 mars 1971.