17 janvier 2025.
Saint Antoine le Grand
La vocation d’Antoine
par saint Athanase
Antoine était égyptien de naissance, fils de nobles assez fortunés. Chrétiens eux-mêmes, ils l’élevèrent chrétiennement. Petit enfant, il fut élevé chez ses parents et ne connut rien en dehors d’eux et de la maison. (…) Tout son désir était, comme il est écrit de Jacob, d’habiter tout simplement dans sa maison. Il se rendait pourtant avec ses parents à la maison du Seigneur. Enfant, il n’était pas paresseux ; avançant en âge, il ne méprisait pas ses parents, mais leur était soumis. Attentif aux lectures, il en conservait intérieurement le fruit. Cet enfant (…), content de ce qu’il trouvait, il ne cherchait rien de plus.
Après la mort de ses parents, il resta seul avec une sœur encore fort jeune. Il avait environ dix-huit ou vingt ans quand il dut prendre soin de la maison et de sa sœur. Moins de six mois après son deuil, allant à l’église, comme à l’accoutumée, et songeant en lui-même, il méditait comment les apôtres avaient tout abandonné pour suivre le Sauveur ; comment d’autres, d’après les Actes, vendaient leurs biens, en apportaient le prix et le déposaient aux pieds des apôtres pour être distribué aux indigents ; enfin, quelle grande espérance leur était réservée dans les cieux « . Le cœur occupé de ces pensées, il entra dans l’église. Il se trouva qu’on lisait justement l’Évangile ; il entendit le Seigneur dire au riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Comme si la lecture avait été faite pour lui, Antoine sortit aussitôt de la maison du Seigneur. Les biens qu’il avait de ses ancêtres, trois cents aroures de terre fertile et excellente, il en fit cadeau aux gens de son village pour n’en être pas embarrassé le moins du monde, lui et sa sœur.
Entrant une autre fois à l’église, il entendit le Seigneur dire dans l’Évangile : « Ne vous mettez pas en peine du lendemain ». « Ne supportant plus d’attendre, il confia sa sœur à des vierges connues et fidèles, pour la former à la virginité Quant à lui, il s’adonnait désormais à l’ascèse dans sa maison, attentif à lui-même et s’astreignant à une ferme discipline. Or, il y avait alors dans le village voisin un vieillard qui depuis sa jeunesse s’exerçait à la vie solitaire. Antoine le vit et rivalisa avec lui dans le bien. D’abord il se mit, lui aussi, à habiter aux abords du village. De là, s’il entendait parler d’un homme plein de zèle quelque part, il allait à sa recherche, comme l’abeille prudente, et ne revenait pas à son propre logis sans l’avoir vu, et il rapportait de chez lui comme des provisions pour cheminer vers la vertu. C’est donc là qu’au début il demeurait, cherchant à se fortifier l’esprit pour ne pas retourner vers les biens de ses parents ni se souvenir de ses proches, mais pour que tout son désir et tout son zèle fussent tendus vers l’effort ascétique.
Il travaillait cependant de ses mains, pour avoir entendu : « Qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas ». D’une part de son gain, il achetait du pain, et dépensait le reste pour ceux qui étaient dans le besoin. Il priait continuellement, car il avait appris qu’il faut prier sans cesse. Il était si attentif à la lecture, qu’il ne laissait rien tomber à terre des paroles des Écritures mais les retenait toutes : sa mémoire lui tenait lieu de livres.
Se conduisant donc ainsi, Antoine était aimé de tous. Tous les habitants du village et les gens de bien qu’il fréquentait, le voyant ainsi, l’appelaient : « Théophile », c’est-à-dire « Ami de Dieu ». Les uns le chérissaient comme un fils, les autres comme un frère.